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Correspondance
1. A MES CHERES SOEURS DANS LE DEUIL
C'est avec une vive émotion que j'ai lu dans le dernier n° de "Aux Mères" l'article intitulé : Jésus et la veuve, et, c'est avec joie que je viens rendre témoignage à Celui qui a été, qui est et qui sera toujours mon Père et celui de mes orphelins.
Oui, Murray a raison, la vie de la veuve doit être une vie de foi entière, d'un abandon complet, simple, de soi-même entre les mains de Dieu; or, ce n'est pas chose si facile quand on a eu l'habitude de s'appuyer, pendant nombre d'années, sur le soutien que Dieu lui-même nous avait choisi. Lorsque, il y a quelques années, il plut au Maître des cieux et de la terre de rappeler à Lui celui qui avait été mon conseiller, mon compagnon de luttes, de joies et de souffrances, en même temps que le plus dévoué, le plus tendre des pères, je ne murmurai pas, mais il me sembla, qu'on venait de jeter sur mes épaules un écrasant fardeau, une responsabilité immense. En effet, je restais seule, avec une santé très précaire et toute une bande de garçons et de filles, en bas âge, à élever. J'avais souvent lu et entendu dire que "Dieu est le Père de la veuve et des orphelins", mais je ne l'avais pas vécu, expérimenté; aussi, malgré ma confiance en Dieu, je demeurais triste et comme accablée sous ma lourde charge. Comment prendre seule toutes les décisions, souvent graves, qui se présenteraient, comment donner des ordres multiples à tous sans demander d'abord conseil à quelqu'un ? Quelle souffrance, chères soeurs, quand on sait que l'on est un être faible et pêcheur ! S'il m'arrivait, quand je sortais, de rencontrer des gens heureux, des époux paraissant s'appuyer l'un sur l'autre, mon coeur se serrait, et j'aurais voulu m'enfuir bien loin en songeant à ma grande tâche et à mon incapacité .
Mais notre tendre Père céleste veillait sur son enfant et Il me donna des preuves de sa sollicitude. Un jour, jour mémorable, j'étais angoissée; j'avais commis une erreur en détruisant nombre de papiers que je croyais inutiles et que l'on réclamait maintenant imprérieusement de moi. Que faire ? Lasse de corps et d'esprit, je me jetai à genoux et je criai à Dieu dans ma détresse : "C'est toi qui m'as enlevé mon époux, c'est à toi de le remplacer; tu vois que j'ai commis une erreur, répare-la, arrange les choses pour moi." Immédiatement, le calme se fit dans mon coeur agité et je retournai à mes occupations. Deux jours plus tard, chères soeurs, le Père avait réparé l'erreur de son enfant et cela d'une manière merveilleuse. Ce fut le point de départ d'une vraie vie de foi, je compris que ce n'était pas moi qui devais porter le fardeau, mais bien Dieu, mon Père. Dans toutes mes difficultés, petites ou grandes, matérielles ou morales, j'allai à Lui et je lui demandai aide et conseil; ils me furent toujours accordés. Je cherchais à remplir fidèlement mon devoir et je m'en remettais à mon Ami céleste. Oh ! j'avais encore des moments de tristesse, en pensant à celui que j'avais perdu, mais le Père me révéla peu à peu son amour d'une manière inexprimable; Il me fortifia, m'encouragea m'accompagna en tous lieux, je n'étais plus seule, J'avais un puissant Défenseur.
Et mes enfants ? je tâchai de les élever de mon mieux, sentant souvent mes profondes lacunes, mais étant persuadée que, dans sa bonté, non seulement mon Dieu les comblerait toutes, mais encore qu'il ferait mon éducation, me rendant plus sage, plus prudente et plus perspicace. Je fus obligée de me séparer de mon aîné, à cause de sa mauvaise santé ; lorsqu'il fut parti, je pensais à lui avec inquiétude, alors j'entendis une voix qui me disait : "Il faut que tu le lâches entre les mains du Père" c'est ce que je fis et je n'eus pas lieu de m'en repentir, car pendant les dix-huit mois que mon fils fut absent, je n'eus pas un seul ennui à son sujet. Après avoir vécu dans un milieu non chrétien et entouré de tentations, il me revint, raffermi dans sa foi et son amour pour le Sauveur.
Et maintenant, je suis loin d'avoir terminé ma tâche, j'aurai encore des luttes, des difficultés, mais je suis profondément heureuse, car c'est Dieu, mon Père, qui dirige notre barque, c'est Lui qui est le chef de famille, Lui qui élève mes enfants à Lui confiés pour en faire ses serviteurs et ses servantes.
Chères soeurs, le chemin de la foi est un chemin mystérieux, qui vous réserve des surprises, mais c'est un chemin glorieux. Marchez-y sans crainte, ne vous inquiétez pas du lendemain, ne formez pas des projets pour vous ou vos bien-aimés; votre Père céleste préparera le chemin dans lequel vous devrez marcher; songez-y, Il vous considère comme des enfants qui ont besoin d'être dirigés puisqu'il s'appelle le Père de la veuve et des orphelins. Donnez-lui vos fils et vos filles pour qu'ils le servent Lui, et non pas le monde et vous serez heureuse, vous obtiendrez des bénédictions en abondance.
Psaume 103
2. Ce n'est pas pour ajouter quoi que ce soit à votre excellent article intitulé "Jésus et la veuve" que je prends la plume, mais seulement pour vous remercier de l'avoir publié pour l'encouragement des veuves qui restent seules avec la tâche d'élever une famille, et pour confirmer par mon expérience personnelle la vérité des promesses qu'il contient.
Laissée seule, il y a bien des années, avec une famille nombreuse à former pour les luttes de la vie, il me fut donné de pouvoir répondre à cette parole émue de celui qui avait été jusque là mon guide et mon soutien : "Que Dieu soit avec toi", par cette affirmation "Il l'est et Il le sera" ! Et maintenant que j'arrive au bout de ma tâche, je puis ajouter, à Sa gloire "Il l'a été." Convaincue que puisqu'Il enlevait à mes enfants le père qu'il leur avait donné, c'est qu'il voulait prendre Lui-même, en mains, leur éducation, je n'ai désiré qu'une chose, c'est d'être un instrument docile de sa volonté à leur égard. Il s'est révélé aussi merveilleux en moyens qu'admirable en conseils, me montrant toujours si clairement et simplement le chemin à suivre que je puis dire que toutes les décisions qui ont dû être prises dans les cas les plus sérieux comme dans les circonstances en apparence, les moins importantes, Il les a prises pour moi, tellement qu'il ne se posait pas même des points d'interrogation dans ma pensée. En repassant en esprit mes longues armées de veuvage, je ne constate que faiblesse et incapacité en ce qui me concerne chaque fois que j'ai voulu agir pour moi-même, et sagesse, fidélité, amour infini de la part du Père céleste dès que je rentrais dans mon vrai rôle, celui de l'ouvrier soumis et diligent qui n'a pas d'autre volonté que celle de son Maître. Si je vous ai parlé de mes expériences personnelles, c'est dans le seul but de montrer à mes soeurs dans l'épreuve que l'article de votre journal est vrai et que chacune d'elles peut se l'appliquer et le réaliser dans sa vie.
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