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Le salut de nos enfants
"Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé toi et ta maison." Act. 16, 3 1.
"Vos enfants sont saints." 1 Cor. 7, 14.
"Selon votre foi." Matt. 10, 29.
Pouvons-nous être sûrs que tous nos enfants seront sauvés ? Avons-nous des promesses suffisamment précises pour que nous puissions nous en emparer et repousser résolument toute anxiété et toute espèce de doute à ce sujet ?
Plus d'une fois cette question a été posée avec angoisse. Il est peut-être bien peu de mères vraiment pieuses qui, dans une heure d'obscurité, n'aient pas été assaillies de craintes douloureuses à la pensée que tel de leurs trésors engagé momentanément sur une mauvaise voie, pourrait, au dernier jour, manquer à l'appel. Et alors, que serait le ciel sans lui ?
D'où proviennent ces doutes ? Tantôt de simples réflexions sur des questions obscures, telles que la prédestination. Dieu, se dit-on, ne force personne. Si mon enfant ne veut rien de l'Evangile, Dieu ne saurait le contraindre à croire. Il lui faut un peuple de franche volonté. Tantôt on est arrêté par le fait qu'on ne sait pas découvrir dans la Bible des promesses claires, précises, auxquelles la foi d'une mère puisse se cramponner lorsqu'elle est submergée par le flot des accusations de l'ennemi ou les arguments de sa propre incrédulité.
Quant à la difficulté d'accorder notre liberté et la souveraineté de Dieu, disons très franchement et simplement que nous ne saurions la résoudre, et que ce mystère ne doit jamais nous troubler ni nous inquiéter. Il nous suffit de croire humblement que Dieu se charge de réaliser cet accord et d'arriver à son but sans jamais violenter la liberté qu'il a donnée à l'homme. Laissons de côté ces difficultés théoriques, bien persuadés que dans la pratique elles se résolvent d'elles-mêmes.
Et quant à l'absence de promesses précises, abscence très relative d'ailleurs, n'a-t-elle pas sa raison d'être ? Si la Bible affirmait catégoriquement que tous les enfants des chrétiens seront infailliblement sauvés, il est aisé de deviner quelles funestes conséquences entraînerait pareille déclaration, lamentable oreiller de paresse pour les parents négligents et insouciants.
Dieu a bien voulu faire des promesses à ses enfants pour leurs enfants; mais des promesses telles, qu'elles ne sauraient cultiver la paresse spirituelle. Elles sont au contraire un stimulant, exigeant un combat incessant de prière et d'amour et, bien loin de décharger les parents, de leur grande responsabilité, elles leur demandent un travail d'enfantement nouveau, qui ne peut se comparer qu'à celui par lequel leurs enfants sont entrés en ce monde. (Gal. 4, 19)
Prenons, par exemple, la promesse si claire et si précise de Paul à son geôlier. Elle ne peut être détachée des circonstances qui en ont été l'occasion. Elle est adressée à un homme pour qui le salut est la grande affaire, tellement qu'il va risquer sa place et peut-être sa vie pour le posséder. (Act. 16, 29-34) De même que ce n'est pas au premier venu que l'on peut dire : "Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé," mais seulement à celui qui, déjà repentant, demande ce qu'il doit encore faire, quelles conditions il doit encore remplir; de même ce n'est pas quiconque croit d'une foi quelconque, qui peut s'appuyer sur cette promesse pour compter sur le salut de ses enfants, mais celui-là seul qui prend au sérieux la foi au Christ avec toutes ses conséquences. (Voir Jacques 2, 3-26)
Mais alors revient la question : pouvons-nous être sûrs de l'avenir de nos enfants ? A quelles conditions ?
Quand Dieu nous a confié nos petits trésors, il savait à qui il les confiait. Il connaissait nos misères, nos imperfections, mais aussi nos saintes ambitions, nos prières et nos secrets désirs. Il savait donc à quoi il s'engageait. Et lorsqu'il déclare que nos enfants sont "saints", il ne prétend point qu'ils soient meilleurs que d'autres, mais simplement - et cela nous suffit - qu'il les regarde comme "mis à part" pour lui, comme sa propriété particulière, et qu'il les entoure par conséquent d'une sollicitude spéciale. Et ce qualificatif est d'autant plus frappant qu'il ne s'agit pas dans ce passage d'enfants de parents chrétiens dès avant leur mariage, mais plutôt d'enfants dont un seulement des parents est devenu chrétien depuis le mariage, et peut-être après la naissance des enfants.
Dieu attend donc de nous, parents croyants, que nous comptions sur Lui, sur sa fidélité et sa toute-puissance. Rien ne le peine plus que nos doutes, aussi nous sera-t-il certainement fait selon notre foi. Il s'agit ici d'un combat de foi, c'est à dire pour garder la foi au travers de toutes les obscurités et les déceptions, d'un combat de prière, ardente ou paisible selon les cas et les tempéraments, il n'importe, pourvu que le résultat en soit la foi, l'assurance que Dieu nous accorde notre demande.
Par ce combat notre foi s'accroîtra et s'épurera. Pour croire mieux, en effet, nous arriverons à mettre de côté les mobiles égoïstes, nous ne demanderons plus que nos enfants soient sauvés seulement parce que ce sont nos enfants, mais parce qu'ils sont la propriété de Dieu, à qui nous les avons donnés; non pas pour notre satisfaction personnelle ou pour l'honneur de notre nom, mais parce qu'il y va de la gloire de Dieu et parce qu'il manque d'ouvriers pour sa moisson.
Nous serons incessamment poussés ainsi à tout faire pour obtenir ce que nous attendons, à éviter tout ce qui pourrait entraver l'oeuvre de Dieu. Et nos enfants grandiront avec l'intuition irrésistible que c'est une chose bien entendue entre nous et notre Dieu que nous les considérons comme étant à Lui avant d'être à nous. Et c'est ainsi notre foi qui les enfantera à la vie divine, notre foi joyeuse et triomphante, bien plus que nos angoisses et nos craintes.
Il s'agit donc simplement d'avoir cette foi, et pour l'avoir de nous placer sur le terrain ferme des promesses du Dieu qui entend les prières, et qui se montre puissant en faveur de ceux qui sont "d'un coeur entier pour Lui". (2 Chron. 16, 9) Ne nous laissons point abattre par la constatation de nos insuccès actuels ou par le sentiment de nos misères et de notre insuffisance mais donnons gloire a Dieu par une foi héroïque qui triomphe de tous les mais, les si, les est-ce que de l'ennemi, et qui ose louer à l'avarice la miséricordieuse victoire du Dieu tout-puissant. Ayons bon courage ! Quelle joie le Dieu qui a formé le coeur de la mère à l'image du sien n'éprouve-t-il pas chaque fois qu'il peut redire le mot qu'adressait son Fils à une pauvre mère païenne : "Femme, ta foi est grande ; qu'il te soit fait comme tu le désires !" (Matt. 15, 28)
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