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Habitudes de foi
. . . J'entends par habitudes de foi que vous devez habituer vos enfants à croire ce que vous dites. Vous devez vous efforcer de leur inspirer une entière confiance à votre jugement et beaucoup de respect pour vos opinions comme meilleures que les leurs. Vous devez les accoutumer à regarder comme mauvais ce que vous dites être mauvais, et bon ce que vous affirmez être bon; que votre connaissance en un mot est, à tous égards, supérieure à la leur, et qu'ils doivent s'en rapporter implicitement à votre parole. Enseignez-leur à croire ce qu'ils ignorent maintenant, ils le connaîtront plus tard, et à être convaincus qu'il y a raison et nécessité pour eux de faire tout ce que vous exigez d'eux.
Qui peut, en effet, décrire la bénédiction qui découle d'un esprit réel de foi ? ou plutôt qui peut dire les malheurs que l'incrédulité a amenés dans le monde ? C'est l'incrédulité qui porta Eve à manger le fruit défendu. Elle douta de la vérité de cette parole de Dieu: "Certainement vous mourrez". C'est l'incrédulité qui a porté l'ancien monde à rejeter les avertissements de Noé et qui l'a fait périr dans le péché. C'est elle qui retint Israël dans le désert, elle fut la barrière qui l'empêcha d'entrer dans la terre promise, et c'est elle qui porta les Juifs à crucifier le Seigneur de gloire. Ils ne croyaient pas à la voix de Moïse et des prophètes, quoiqu'ils lussent journellement leurs écrits.
L'incrédulité est encore aujourd'hui le péché dominant du coeur de l'homme. Incrédulité à l'égard des promesses de Dieu et de ses menaces, incrédulité à l'égard de notre culpabilité, incrédulité dans tout ce qui contrarie l'orgueil et la mondanité de notre mauvais coeur. Lecteur, l'éducation que vous donnez à vos enfants n'aura qu'un chétif résultat, si vous ne les formez pas à une foi implicite, à une foi dans la parole de leurs parents, à une entière confiance que ce qu'ils leur disent est juste et vrai.
J'ai entendu dire par plusieurs personnes qu'on ne doit rien demander aux enfants au-delà ce qu'ils peuvent comprendre, et qu'on doit leur donner la raison de tout ce qu'on exige d'eux. Je m'élève fortement contre cette opinion et je crois que c'est un principe faux et plein de périls. Sans doute il est absurde de faire aux enfants un mystère de tout, il est bien des choses qu'il est bon de leur expliquer pour leur montrer qu'elles sont raisonnables et sages. Mais les élever dans l'idée qu'ils ne doivent rien accepter de confiance, qu'avec leur intelligence faible et imparfaite, ils ont le droit d'exiger le pourquoi et le comment de chaque chose, que vous leur devez compte de tout à chaque pas qu'ils font, c'est une terrible méprise qui aura infailliblement le plus triste effet sur leurs âmes. Raisonnez avec votre enfant, si vous y êtes disposé, à certains moments, mais n'oubliez jamais de lui mettre dans l'esprit, qu'après tout il n'est qu'un enfant, qu'il n'a qu'une intelligence d'enfant, et qu'il ne doit pas s'attendre à connaître tout d'abord la raison de chaque chose.
Mettez devant lui l'exemple d'Isaac, au jour où Abraham le prit pour l'offrir sur le mont Morijah (Genèse, 22). Il adressa à son père cette simple question: "Où est l'agneau pour l'holocauste ?" et il n'en reçut que cette réponse :
"Le Seigneur y pourvoira lui-même . . . " Comment? Quand? Où? De quelle manière? Rien de tout cela ne fut dit à Isaac, mais il se contenta de cette réponse; il crut que tout irait bien, son père l'avait dit, et cela suffit.
Dites encore à vos enfants que nous devons tous être écoliers en commençant, qu'il y a toujours un alphabet à apprendre pour chaque espèce de connaissance, que le meilleur cheval du monde a dû être dressé, qu'un jour viendra où ils verront la sagesse de l'éducation que vous leur donnez, mais qu'en attendant, si vous leur dites qu'une chose est juste, cela doit leur suffire, et ils doivent s'en contenter.
Chères soeurs, c'est un point des plus importants en éducation, je le mets sur vos consciences, au nom de votre affection pour vos enfants, élevez-les dans des habitudes de foi.
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