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Soupçons

La charité ne soupçonne point le mal. 1 Cor. 13, 5.

Cette vérité évangélique a, comme beaucoup d'autres, été l'objet de bien des méditations, exhortations, sermons de tous genres; mais, comme beaucoup d'autres aussi, elle est bien loin d'être prise en considération même par les chrétiens dans toutes leurs relations avec leurs semblables.

Il y a dans la société des êtres qui ne sont que trop facilement oubliés lorsqu'on songe à ses devoirs envers autrui. Autrui, on le cherche parfois, d'abord en pays païen, puis chez les païens des pays chrétiens, ensuite chez les pauvres, les malades qui nous entourent, chez nos connaissances, nos amis. Enfin, si nous sommes des chrétiens quelque peu spirituels, nous songeons qu'autrui peut se trouver sous notre toit, à notre foyer. Mais combien faut-il de temps pour que des pères ou des mères découvrent qu'autrui, c'est aussi leurs enfants !

"Honorez tout le monde", honorez donc vos enfants, tous les enfants. Ils ont été comme vous créés à l'image de Dieu.

"Usez de patience envers tous" c'est-à-dire même envers ces chers petits êtres que nous traitons si souvent d'impatientants !

"La charité supporte tout", même les enfants insupportables !

"Que votre douceur soit connue de tous les hommes", y compris l'enfant à qui vous enseignez ses lettres ou le doigté d'une gamme !

"La charité ne soupçonne pas le mal". Si Henri, le collégien, rentre à la maison avec un quart d'heure de retard, la charité ne dit pas: "Tu t'es amusé en route malgré ma défense, n'est-ce-pas? Je savais bien que je ne pouvais pas compter sur toi."

Si Maurice, l'étourdi, paraît à table avec un grand accroc à son fourreau, la charité ne dit pas: "Polisson, je parie que tu as voulu escalader la barrière, tu n'en fais jamais d'autres; mais tu sais ce qui t'attend !"

Si Jeanne, la timide fillette, rougit au moment où elle est questionnée sur ses notes de la semaine, la charité ne dit pas : "Tu as eu de mauvais points ? Je devine ça. A voir comme tu te comportes à la maison cela ne m'étonne pas."

Si Toto entre en pleurant, comme on pleure à 3 ans, la charité ne dit pas: "Toto a été méchant, n'est-ce-pas ? et bobonne a grondé. Pas sage, Toto !"

Et si Paul, le grand Paul, à la moustache naissante, est plongé depuis une heure dans la lecture d'un livre jaune, la charité ne dit pas: "J'espère que ce n'est pas un mauvais roman que tu lis là ! A l'intérêt que tu y mets ou pourrait le croire !" Non la charité ne dit pas ces choses, elle ne les soupçonne même pas. Elle souffre assez de devoir parfois les constater. Et pourtant dans nos ménages, à nous mères chrétiennes, ces choses-là se disent ... Le ton, les expressions varient selon les tempéraments et les éducations mais les soupçons surgissent dans l'esprit, dans le coeur; ils y sont reçus, nourris même, et de l'abondance du coeur la bouche parle. Il s'en suit qu'Henri, mal accueilli, n'est pas disposé à raconter à sa mère l'entretien un peu intime qu'il vient d'avoir avec un camarade plus sérieux que lui.

Maurice, dont le tablier s'est déchiré à une chaise cassée, ne sait pas bien se défendre et l'accusation de mensonge suit l'accusation de polissonnerie.

Jeanne, qui avait fait un louable effort pour obtenir de meilleures notes, pleurera peut-être en silence ce soir dans son petit lit; et lundi elle n'aura pas, pour l'encourager à bien faire, le souvenir d'un mot réconfortant.

Toto aura de la peine, si toutefois il y parvient, à faire comprendre à sa maman, qu'il n'a pas été méchant, que la bonne n'a pas grondé, mais que le beau ballon rouge, reçu hier dans un magasin, est allé se coller au plafond et que Toto ne peut en rattraper la ficelle.

Quant à Paul, qui jusqu'à présent a bravement résisté aux mauvais exemples, aux vilaines paroles, aux perfides moqueries de ses camarades, il se dit aujourd'hui : "Papa croit donc que je fais comme les autres. Il m'accuse de lire de sales romans; qui sait s'il ne s'imagine pas bien d'autres choses encore ? Alors à quoi bon supporter tout ce que j'ai supporté de la part de ces affreux types, si c'est pour être soupçonné de faire comme eux ?" Et Paul ne s'aperçoit pas qu'il fait comme son père, en soupçonnant celui-ci de penser plus qu'il n'a dit.

Ah ! c'est que l'esprit méfiant est très contagieux. Telle personne qui croit naturellement au bien peut, à la suite de soupçons fréquemment exprimés en sa présence, finir par supposer le mal qu'autrefois elle avait peine à constater. Nous dirons donc volontiers comme l'apôtre au sujet de l'amertume, souvent fruit de la méfiance. "Prenons garde qu'aucune racine de soupçon, poussant des rejetons ne produise du trouble et que plusieurs n'en soient infectés."

Mais, direz-vous, nos soupçons sont généralement fondés et les faits le prouvent. Nous connaissons le caractère, les habitudes, les défauts de nos enfants et tout naturellement nous supposons qu'ils ont agi de telle ou telle manière et pour tel ou tel motif. Soit ! vous connaissez très bien vos enfants, vous savez ce dont ils sont capables, en bien ou en mal, c'est beaucoup. Tous les parents n'en peuvent pas dire autant. Mais cela suffit-il pour que vous ne vous trompiez jamais dans vos suppositions; et puisque vous prouvez vous tromper, n'y aurait-il pas lieu d'apporter un peu plus de réserve dans vos soupçons et de les exprimer moins hâtivement ? Ne vous est-il pas arrivé, une fois au moins, d'avoir chassé une vilaine pensée et d'avoir parlé comme si elle n'avait pas abordé votre esprit ? Et cette fois-là, précisément, vous avez constaté que vous avez failli être d'une suprême injustice. Combien grande a été votre satisfaction, n'est-il pas vrai, que Dieu seul eût jamais su que vous aviez été capable d'un pareil soupçon.

Il y a tant de suppositions que nous pouvons faire au sujet d'actions ou de mobiles inconnus de nous ! Il y en a évidemment de plus probables les unes que les autres, mais pourquoi ne pas choisir les plus favorables à autrui, à l'enfant? A côté de la connaissance que nous avons de ses penchants, ne pouvons-nous pas faire place à la connaissance que nous avons aussi de la grâce toute-puissante de Dieu ?

Ne pouvons-nous pas, ne devons-nous pas, ne voulons-nous pas croire que Dieu accomplit son oeuvre dans les coeurs et qu'en réponse à nos prières, notre enfant a pu faire le bien, avoir de bonnes intentions là où il aurait, par nature, choisi et fait le mal?

Mieux vaut cent fois dire à un enfant : "J'avais attendu mieux de toi" que de le décourager, qui sait même, cela s'est vu, de le perdre par ces mots : "Je savais bien qu'il n'y a rien de bon à attendre de toi".

Et par ces deux phrases nous résumons ces mille et mille petits mots, paroles en l'air, reproches, attitude, regards qui tous, à la longue, aboutissent à l'élévation ou à la dégradation des êtres qui nous sont confiés par celui qui est Charité.









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