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Plaies et bosses

Il est bon que la mère commence par habituer ses enfants, grâce à une expérience dont les coups et les chutes font tous les frais, à considérer la douleur, non pas comme un incident extraordinaire, mais comme une chose usuelle entrant dans le plan de la vie. A-t-on cette prudence ? Pas le moins du monde; le petit roi de la création tombe de sa hauteur, se pique avec une épingle, se heurte à l'angle d'un meuble, s'ensanglante dans une rixe enfantine : les cris de sa mère, accrus ce ceux des domestiques et des autres enfants, couvrent les siens, quelque perçants qu'ils soient; on se lamente, on court à l'eau froide et à l'arnica; on couvre de baisers tumultueux le petit blessé, qui se sent singulièrement intéressant et qui songe peut-être déjà malicieusement aux petits profits de sort infortune. Les efforts exaltés auxquels on se livre pour le consoler l'excitent à crier davantage, et puis, le drame fini, on en continuera l'impression en racontant devant l'enfuit et à toutes les visites les péripéties les plus minutieuses de cet "affreux accident". Le petit garçon en retirera le désir de poser de nouveau, quand l'occasion s'en présentera, la certitude qu'il a prodigieusement souffert et le désir très pusillanime d'éviter tout accident de ce genre. Et voilà comment on fait les enfants douillets, les hommes nerveux et les sociétés molles.

Tomber est chez l'enfant une fonction; il y prend de l'adresse en même temps que du stoïcisme, et le bourrelet, symbole de la pusillanimité maternelle, n'est pas plus utile à sa sûreté que les autres précautions dont on l'entoure. Un proverbe russe dit que l'enfant qui a cinq bonnes est nécessairement borgne. Une mère trembleuse peut les remplacer toutes les cinq dans cet office malsain.

Il est de remarque, d'ailleurs, que l'enfant qui tombe crie rarement quand il est seul, et j'en ai vu qui, gardant un visage très souriant après un accident de cette nature et avant l'arrivée de leur mère, éclataient en hurlements dès qu'ils surprenaient sur sa physionomie l'expression d'une frayeur sympathique. C'est elle qui donne toujours la note de la sensibilité, qu'elle ne l'oublie pas.

Une mère intelligente peut au contraire changer brusquement une scène de douleur en un éclat de rire, grâce à une observation piquante. J'ai connu un petit garçon qui trouvait dans le plaisir d'émailler de fleurs rouges son mouchoir de poche, une compensation à la meurtrissure qui venait de lui ensanglanter le nez. Oh ! le merveilleux machiavélisme que celui qui se fait entre deux baisers !

Sans doute, il ne faut pas exalter la sensibilité des enfants en les plaignant outre mesure; mais il ne faut pas non plus leur désapprendre, par une indifférence affectée, ce beau sentiment de la sympathie par lequel on associe sa sensibilité aux souffrances des autres. Il y a là une mesure qui se sent et ne se définit pas.









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