ARCHIVES (2000)

Nudité

La nudité en famille, en voilà un sujet chaud pour l’hiver!

Six heures quarante-cinq, c’est l’heure de ma toilette matinale. Assise dans la baignoire, je vois défiler mes deux enfants les yeux encore tout endormis, pressés de soulager leur vessie après la nuit. Je n’ai donc pas fermé la porte de la salle de bains à clé. Cela me semblerait un peu rude, puisque les secondes toilettes sont à l’étage inférieur. Il y a aussi une autre raison, je ne veux pas systématiquement cacher mon corps, même si au moment où ils entrent, je me recroqueville un peu plus autour de mes genoux.
Pour sortir de la baignoire et me sécher, j’attends d’être seule. J’enfile ensuite au moins mes sous-vêtements avant de sortir de la salle de bains.

Tous ces petits détails pour raconter un peu ma ligne de conduite concernant les rapports à la nudité en famille. Elle n’est pas toujours très claire, mais en principe, je ne sors pas nue de la salle de bains car j’estime que hors de ce lieu, c’est un territoire commun. Mes enfants n’auraient donc pas d’alternative si cela les gênait de me voir nue. A l’intérieur de la salle de bains, ils peuvent encore choisir de ne pas entrer et d’attendre que j’aie fini.
D’autres parents ne se gênent pas pour se promener nus dans l’appartement contrairement à la génération précédente qui était si prude. Et pour beaucoup, c’est un soulagement. Comme on dit: « Là où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ».
Je me demande parfois pour qui est le plaisir? Pour les enfants? J’en doute. Nos corps sont des corps d’adultes. Même s’ils savent qu’ils vont grandir, les seins de maman doivent paraître très grands et le sexe de papa énorme par rapport à leur petit corps.
Alors le plaisir est-il pour les parents? Peut-être le plaisir de se dire qu’ils sont libérés, tous égaux, partageant tout. Le seul ennui est qu’il n’y a que les parents qui partagent vraiment tout. Les enfants, eux, ne sont que spectateurs et si par hasard le corps du parent du sexe opposé les attire, la catastrophe pointe son nez puisque l’inceste fait partie des interdits.

Comme je l’ai dit plus haut, quand les parents se promènent nus dans l’appartement, ils obligent les enfants à voir leur nudité. Etre nu n’est pourtant pas un acte anodin et d’ailleurs, tant mieux. C’est justement ce qu’on devrait enseigner aux enfants. Certaines parties du corps sont plus secrètes que d’autres. Ils doivent le savoir et le sentir pour arriver à reconnaître le danger si quelqu’un les touche abusivement précisément à un de ces endroits sensibles.
Alors pourquoi faudrait-il nier les choses délicates en famille et ne les admettre que hors des murs familiaux?
Quant aux cours d’anatomie, nous avons la chance d’avoir une fille et un garçon. Ils peuvent donc sans autre se comparer, se donner mutuellement et à souhait des leçons très vivantes, rigolotes et grandeur nature entre enfants du même âge!

Julie

Bibliographie: Françoise Dolto « Lorsque l’enfant paraît » chapitres « Nus, devant qui? » et « C’est la fête? (nudité) ».

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