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(2000)
Ascenseur,
lieu de rencontre
Joyce, jeune femme d’origine libanaise, habite un immeuble
dans un quartier résidentiel de Genève depuis une
dizaine d’années, s’y étant installée
jeune mariée. Depuis lors, au fil du temps, les prénoms
de Cindy et, deux ans après, celui de Chloé, ont été
rajoutés sur la boîte aux lettres et, au sixième
étage, sur leur porte d’entrée.
Chaque jour, Joyce et ses filles croisent dans l’ascenseur
l’un ou l’autre des voisins, qui très discrètement
murmure « Bonjour » ou « Bonsoir »
comme on formulerait un code ou un mot de passe pour faire démarrer
l’engin.
L’heure de départ ou d’arrivée des voisins
coïncide souvent avec celle de Joyce, et ils côtoient
journellement les deux fillettes et leur maman sans toutefois manifester
autre chose que ledit « mot de passe » et
sans vraiment les regarder. Cet échange verbal, pour le moins
sobre et réservé, se produit quotidiennement, avec
une régularité mathématique et une retenue
qui semble requise chez ces passagers au partage éphémère.
Un soir, alors que Cindy et sa maman descendaient promener un jeune
labrador, nouveau venu au sein de cette famille, une voisine qui
se rendait au garage de l’immeuble, s’est écriée
en se penchant vers l’animal:
- Oooooh, comme tu es mignon! Comment s’appelle-t-il? Il a
tout juste 3 mois, n’est-ce pas? Oh, comme tu es beau, comme
tu es gentil!!!
En sortant de l’ascenseur, Joyce réalisa, avec un pincement
au coeur, que la brave bête venait de recevoir entre le 6e
et le rez-de-chaussée, plus de compliments, de mots doux
et de caresses que ses deux filles réunies, en 6 ans de vie...
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