ARCHIVES (2000)

Ah les trottinettes!

Sur mon grand vélo, je me rends au bureau et traverse régulièrement une place entourée de petits immeubles qui hébergent de jeunes familles. A la belle saison, de nombreux enfants jouent sur ce grand espace joliment aménagé pour eux, pour les piétons et les cyclistes. Quand je rentre en fin de journée, un peu fatiguée, c’est une joyeuse scène qui m’accueille et j’aime à m’arrêter et à regarder ces bambins qui s’en donnent à coeur joie après l’école. En septembre, après deux longs mois de vacances d’été j'ai retrouvé ces enfants, toujours si vifs et enjoués, mais cette fois ils étaient nombreux, très nombreux à être juchés sur leur trottinette. Ces engins avaient poussé comme des champignons et transformaient ce paysage à la Breughel auquel j’étais habituée en un tableau de style contemporain souligné de lignes métalliques et brillantes.

Laissant de côté mes impressions artistiques, je me mis à penser à tous ces parents qui avaient fait l’acquisition d’une trottinette pendant l’été, dépensant un montant non négligeable, voire assez élevé pour maints ménages qui habitent la région. Je me disais que beaucoup de discussions avaient dû avoir lieu au sein des familles avant de se procurer ce nouveau moyen de locomotion. Bien des drames aussi peut-être chez ceux qui avaient voulu résister ou simplement n’avaient pas pu faute de moyens se le procurer. Cela n’a pas toujours dû être facile pour les parents de faire comprendre à leur enfant que c’était trop cher ou un peu dangereux ou pas nécessaire du tout d’acheter un autre deux-roues comme celui du petit voisin, alors qu’il y avait souvent déjà un petit vélo dans le garage ou des patins à roulettes dans l’armoire. Qu’il est difficile de résister à la pression sociale, de plus en plus difficile me dis-je pour les jeunes parents, confrontés à cette vague incessante d’objets à la mode.

J’en connais un qui s’est bien débrouillé. C’est Sylvain. Il a des parents qui ne veulent pas lui acheter une trottinette, ils n’ont pas assez d’argent pour cela. Alors il a demandé à son copain Frédéric de lui prêter la sienne un peu chaque jour en échange de son goûter. Frédéric a été d’accord et le marché conclu. Pendant que Sylvain se déplace fièrement en trottinette, mais le ventre vide, Frédéric mange les deux goûters et regarde son copain rouler!! Cette situation ne durera pas très longtemps, mais au moins cela valait la peine de tenter le coup, non!

Françoise

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