ARCHIVES (2001)

Il change

C’est presque à vue d’oeil. Mais il n’y a pas que le corps, métamorphose physique qui fait qu’on court acheter de nouvelles baskets tous les deux mois. C’est aussi sa façon de s’asseoir, de manger, de parler, de se regarder dans la glace le matin en mouillant sa mèche rebelle avant de foncer vers l’arrêt du bus pour lequel il possède depuis peu un abonnement annuel. C’est le fait qu’il ne rentre plus à midi, que le matin en partant, ce n’est plus un tendre câlin mais un « A c’soir m’man » qui m’est lancé en guise de garantie d’affection. C’est tout ça qui change.
Et ce Cycle d’orientation... quelle aventure ce passage de la petite école primaire de son village à la grosse boîte moderne où quotidiennement 600 élèves se croisent sur des kilomètres de corridors.
Les devoirs croulent sur mon bonhomme qui moralement s’écroule au bout de quatre semaines: « J’y arrive pas, y a trop! » se lamente-t-il en sanglotant. Quelques mauvais résultats obtenus parce que les profs ont fait une « récite » sans avertir confirment son désarroi.
C’est sûr que c’est moins cool que l’année passée, mais il faut aussi se dire que l’époque des consignes quasi individuelles est révolue. Ces nouveaux profs ne t’ont pas vu naître, ne connaissent pas tes parents, ne savent rien sur tes frères et soeurs et encore moins sur la boule de poils qui compte tellement affectivement pour toi.
Ton nouveau monde est si différent de ton village de campagne, ça ressemble plutôt à une jungle et il te faudra combattre cette douce nonchalance qui était ton ancien rythme si tu veux t’en sortir vainqueur.
Courage mon grand, et surtout ne t’arrête pas de changer!

Jenny

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