ARCHIVES
(2001)
Enfants
doués ou surdoués?
(Autre témoignage, voir article de Charlyne, No 8/2000)
Lors dune rencontre avec linstitutrice de notre fils
Jérôme (8 ans, 2ème primaire) on en vient à
la possibilité de lui faire sauter une année.
Jérôme est en effet très rapide et avancé.
Il termine ses travaux en peu de temps et la maîtresse doit
systématiquement lui donner des exercices supplémentaires
pour loccuper pendant la journée. Il semblerait quil
soit aussi affectivement suffisamment mûr.
Si nous souhaitons poursuivre dans ce sens, nous devons linscrire
à un examen cantonal qui, paraît-il, est très
bien fait et qui permet de juger de son niveau de compétence
et de sa maturité affective.
Après cette réunion, il nous reste 15 jours jusquà
la date limite des inscriptions. Nous sommes bien sûr conscients
dêtre des parents privilégiés si nous
navons que ce genre de « problème »
à résoudre. Il nempêche que la décision
nest pas facile à prendre car, à notre avis,
elle sera lourde de conséquences autant sur son évolution
intellectuelle que sur son comportement et sa vie sociale.
Les solutions possibles:
1) Nous le laissons dans sa classe. Il risque alors de sennuyer.
On entend souvent raconter des cas denfants qui, sennuyant
tellement à lécole, ont fini par ne plus sintéresser
à rien. Il risque donc de manquer de stimulations et il en
a besoin. Alors?
2) Linscrire à lexamen et lui faire sauter une
année s'il réussit. Dans ce cas-là, la stimulation,
il laura, mais il sera pendant toute sa scolarité le
plus jeune de sa classe. Jouera-t-il vraiment à « armes
égales » avec ses copains? A lâge
de la puberté, son retard ne sera-t-il pas lourd à
gérer? Donc?
3) Lui faire passer lexamen et décider ensuite. Nous
envisageons à peine cette possibilité, car pour nous,
le résultat nest pas lélément déterminant
et nous préférons dabord faire un choix sur
le principe.
Pendant 14 jours, le score est à égalité entre
les deux premières solutions. Notre fils, de son côté,
semble flatté et fier de pouvoir sauter un degré et
sans être tout à fait convaincu, penche plutôt
pour cette option. Mais noublions pas quil na
que 8 ans.
La décision:
Finalement, nous décidons de le laisser avec ses camarades.
Les arguments qui ont fait pencher la balance? Dabord, nous
savons que Jérôme est à laise dans sa
classe. Il est plein dinitiatives et est respecté.
Sil devait suivre sa scolarité avec des plus grands,
il perdrait peut-être cette assurance. Les autres arguments
nous ont été donnés par des amis enseignants:
pour lun, le fait de sauter une année est presque plus
difficile à gérer pour un enfant que le fait de redoubler.
Au collège, avoir lair un peu plus « bébé »
que les autres ne pardonne pas.
Mais largument principal, également donné par
un enseignant, est quil est essentiel de vivre « avec »
les autres, quelles que soient leurs différences et dapprendre
à sy adapter. Toute la vie, il faut gérer cette
situation. Un enfant comme Jérôme peut apporter beaucoup
dans sa classe. Il la tirera en avant au même titre que dautres
lui feront bénéficier de leurs particularités.
Et hors de lécole, cest à nous de nourrir
ses multiples envies dapprendre.
Chaque cas est bien sûr différent mais je voulais raconter
le nôtre pour montrer quil existe plusieurs manières
de réagir face à certaines « tentations »:
surtout quil me semble que, de plus en plus fréquemment,
des enseignants et des parents poussent des enfants qui sont simplement
doués et non surdoués. Les cas de surdoués
sont rares et Jérôme, par exemple, ne fait clairement
pas partie de cette catégorie.
Retour
au menu "sommaire 2001"
|