ARCHIVES (2001)

Regard de l’enfant face aux disputes des parents

Hier samedi, en compagnie de leurs amis, ça ne se voyait pas. Mais aujourd’hui, seuls en famille entre les murs du foyer, ses parents affichent des visages fâchés, et leurs points de vue sont manifestement bien différents, pour ne pas dire diamétralement opposés.

Ça a commencé ce matin et depuis, son père et sa mère discutent de plus en plus fort. Le ton monte et aucun des deux ne cède. Le cadet, qui a presque 13 ans et qui a souvent entendu la remarque à son sujet, lorsque « ça chauffe » entre sa soeur et lui, répète à son tour: « Arrêtez, Mais arrêtez donc! ».

Les querelles des grands l’angoissent. Elles semblent autrement plus menaçantes que celles qui surviennent entre frère et soeur, et dans ses yeux il est facile d’y lire: « Faites la paix, vite; je n’aime pas vos colères et vos cris! ».
Visiblement, la mère aimerait mettre un terme à la dispute, ne serait-ce que pour rassurer l’enfant. Pourtant elle ne laisse pas passer la dernière remarque émise par son conjoint. Peut-être a-t-elle le sentiment qu’elle n’a pas su se faire entendre et que son avis est banalisé, à peine écouté. Peut-être a-t-elle l’impression qu’en face, celui qui partage sa vie provoque, impose des faits accomplis? Elle ressent ces derniers comme un énorme manque de considération à son égard.
Alors des phrases mal énoncées se bousculent dans sa bouche. Des superlatifs exagérés aussi. Ce père va-t-il enfin comprendre ce qu’elle estime juste mais qu’elle dénonce si mal dans sa révolte?
De son côté, il se peut que le père ressente de semblables sentiments, qu’il se considère comme un incompris, jugé incapable de gérer un problème. Peut-être est-il blessé dans son amour-propre et montre-t-il son exaspération en refusant d’écouter les arguments de sa femme.

Quoiqu’il en soit, l’enfant se retire, triste de n’avoir pu être l’agent conciliateur, la petite colombe du jour. Qu’il est difficile de lui faire admettre qu’il n’y est pour rien, et que même les adultes ne savent pas éviter ces méchants désaccords, exprimés hélas de temps à autre sans retenue!
Mais au-delà de sa déception, l’enfant sait-il que ces mésententes conjugales sillonnent fréquemment, telles de vilaines rides, la face pudiquement cachée de bien des familles que l’on croise sur nos chemins?

Jenny

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