ARCHIVES (2001)

Accueillir des enfants dans sa famille, quel challenge!

Je connais des familles qui accueillent des enfants. J’admire ceux qui se proposent pour cette tâche et je trouve qu’en ce moment ils ne sont pas suffisamment valorisés.

Se rendre disponible pour un bébé ou un petit enfant, accueillir une fratrie demande une capacité à ouvrir son coeur et sa maison. Cela demande aussi des capacités d’adaptation et la remise en question de sa manière de faire.
Quelles vont être les réactions des enfants du couple accueillant qui voient arriver dans leur famille d’autres enfants? Ont-ils été consultés par rapport à cette arrivée? Même s’ils ont été d’accord ils réagiront. Cela ira d’une envie de partager qui ne pose pas de problème à une forte réaction de jalousie et d’opposition. Il y a parfois un fossé entre ce qu’ils pensaient et ce qui se passe réellement.

Le couple des parents va être bousculé car la mère sera accaparée par tous ces enfants et elle sera moins disponible pour son mari. Bien qu'ayant donné son accord il se sentira peut-être mis à l’écart et lui aussi devra créer un lien et construire des relations. Bref, tous les membres de cette famille devront accepter de changer quelque chose dans leur vie afin de se rendre disponibles aux enfants arrivants. Une nouvelle histoire va commencer, mais laquelle?

Ces enfants sont placés et, même s’ils ont l’impression d’appartenir à une nouvelle famille, ce n’est pas la leur. Ils restent les enfants de leurs parents d’origine. La place de la famille d’accueil est reconnue, elle joue le rôle affectif et assume l’éducation. Ces parents de remplacement ne savent pas combien de temps ils auront à jouer ce rôle et souvent la durée du séjour est difficile à déterminer car elle ne dépend pas d’eux; il y a d'habitude un travailleur social qui a organisé le séjour et les parents d’origine peuvent à nouveau s’occuper de leurs enfants de manière inattendue.
L’engagement affectif de la famille d’accueil est primordial, car sans lui, les enfants ne peuvent pas développer leurs capacités. Il faut donner son affection tout en craignant la séparation, si celle-ci est organisée elle sera plus facile à vivre par tous. En ce qui concerne la question des liens après le départ des enfants, la loi n’oblige à rien. Les parents peuvent maintenir des rencontres afin que leurs enfants ne ressentent pas la perte de manière trop brutale. C’est alors reconnaître qu’ils ont tissé des liens affectifs importants pour eux. J’ai rencontré de nombreux enfants qui ont vécu cette séparation de manière brusque et qui sont retournés quelques années plus tard dire bonjour et retrouver une partie de leur passé, raconter ce qu’ils étaient devenus. C’était leur manière de montrer que ce séjour avait compté dans leur vie.

Les enfants placés grandissent et se développent pour autant que les liens affectifs construits avec les parents de sang et leurs parents d’accueil coexistent et leur permettent de composer avec une double parentalité. Ils apprennent souvent à travers cette expérience que la vie est complexe.

Claudine

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