ARCHIVES (2001)

Ce que l’on n’a pas connu, on ne peut le regretter
J’ai souvent entendu ce dicton, et je pensais y avoir souscrit, jusqu’à ce que ma propre expérience me révèle que ce n’est vrai qu’à moitié.
Mes deux grands-mamans sont décédées beaucoup trop tôt, l’une lorsque ma mère avait 9 ans, l’autre peu après ma naissance. Je n’ai donc jamais connu la joie de grimper sur les genoux d’une mamie pour être cajolée. Ce manque m’a longtemps semblé négligeable, jusqu’au jour où j’ai réalisé qu’inconsciemment je m’étais trouvé des grands-mamans « d’adoption ».
Ce sont de vieilles dames que je côtoie dans la paroisse où je me suis engagée depuis de nombreuses années. J’ai toujours su que certaines d’entre elles sont tristes de ne pas pouvoir profiter vraiment de leurs petits- enfants, soit parce que la relation avec leurs enfants (pas uniquement avec les belles-filles et les gendres) est conflictuelle, soit parce qu’une trop grande distance géographique les sépare.
Lorsque, récemment, l’une d’elles m’a prise par le bras et s’est exclamée: « Que vous êtes bonne pour moi! » j’ai senti tout d’un coup - par l’émotion que ces quelques mots ont créé en moi - que moi aussi j’avais cherché une tendresse. Ses yeux brillants de plaisir et son visage épanoui, pour la simple raison que j’étais là, que je lui apportais un peu de réconfort et que j’acceptais avec plaisir sa gentillesse, m’ont transformée en quelque sorte en petite fille qui se réjouit d’être le trésor de sa mamie.

Eva Kaenzig
Communauté romande des Ecoles de parents
Groupe Média

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