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(2001)
Grandir...
Mon
fils aîné a 10 ans et il ne lui manque plus que quelques
centimètres pour voir le monde de la même hauteur que
moi. Je le regarde, à lorée de ladolescence,
et je me fais la réflexion banale que le temps est passé
trop vite. Je me demande anxieusement comment il fera pour trouver
son chemin, parmi les écueils de cet âge trouble où
lon devient grand pour de bon et dans tous les sens du terme.
Et là, un souvenir me revient en mémoire...
Cétait le mois de juin. Un dimanche matin baigné
de soleil. Mon petit garçon avait un peu plus dun an.
Il partait, avec son papa, faire, comme dhabitude, une promenade
au village.
Il savait déjà marcher, mais pas tout à fait
seul; il lui fallait une main rassurante, sans laquelle il refusait
obstinément davancer. Pourtant, pour lentourage,
cela donnait le change; les voisins que nous rencontrions lors de
nos promenades quotidiennes félicitaient le petit de ce grand
progrès, sans savoir quil ne sétait pas
encore lancé tout seul pour de vrai...
Quelque temps après le départ en promenade, le papa
accourt et mappelle tout joyeux: « Viens vite,
viens vite! ». Je sors de la maison et je pressens déjà
ce que je vais voir. Mon petit fait quelques pas tout seul, avant
de vaciller et de tomber. Cest un moment auquel je mattends
et pourtant, lémotion me submerge. Je suis là,
et je regarde de loin mon bébé qui avance tout seul...
vers le soleil. Mon fils na plus besoin de moi, de nous, de
personne pour avancer dans sa vie! Il na plus besoin dêtre
conduit pour aller là où le porte son désir...
Je
suis reconnaissante à mon petit bonhomme davoir « choisi »
un dimanche pour faire ses premiers pas. Cest un cadeau sublime
quil nous a réservé, à nous, ses parents,
qui durant la semaine travaillons loin de la maison. Le voir avancer
tout seul vers la lumière fut pour moi un spectacle si bouleversant
que je le garde au fond de mon coeur comme un précieux trésor.
Ce souvenir me revient et je me dis quà ladolescence
aussi, mon enfant saura un jour trouver sa voie, sans laide
de personne. Quil fera des choix, quil conduira une
voiture ou peut-être même une fusée, quil
ira vivre et aimer ailleurs, quil livrera des combats et savourera
des victoires, quil accusera des coups et en sortira renforcé,
quil fera ou non le tour du monde... Quil faut lui faire
confiance, laccompagner, puis savoir rester en retrait et
se contenter dobserver à distance, pour tendre la main,
au cas où... Quil ne faut pas sangoisser à
lavance. Quil y aura certainement des moments aussi
touchants et beaux, et peut-être même plus, que le jour
où il a fait ses premiers pas...
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