ARCHIVES
(2001)
Vestiaire
de hockey et rituels
Le
sifflet retentit. La leçon de hockey est terminée
ainsi que le match amical qui clôt chaque entraînement.
Lentraîneur de hockey rassemble les mini-joueurs (8-9
ans) au centre de la patinoire et leur transmet encore quelques
commentaires avant de prendre congé jusquà la
semaine prochaine.
Autour de la patinoire les parents sont encore calmes. Ils observent
leur enfant et se tiennent prêts à le réceptionner
dès quil sortira de la piste de glace. Cest fait
et... cest parti. Parents, joueurs, petits frères et/ou
grandes soeurs, même parfois grands-parents, tout le monde
se rue dans le vestiaire.
Accompagné du stimulant bruit de fond: « On a
gagné 7 à 3! » ou « Les autres
étaient trop forts! », « Notre gardien
était nul! », les parents, concentrés,
entament le processus du déshabillage et du rhabillage en
civil de leur petit sportif.
Stop,
ralentissons un peu le rythme des actions et observons tranquillement
chaque petit groupe, ses rituels et ses comportements particuliers:
- Scène 1: la mère très calme: 4 enfants. Ils
sont toujours tous là. Le premier fait du hockey à
14 h, le second à 15 h, la fille du patinage artistique à
14 h et le petit joue et patiente. Chaque mercredi, le calme, la
maîtrise, lorganisation, les enfants contents.
- Scène 2: la mère impatiente: « Bouge-toi!
Si tu ne fais rien, je men vais, etc. » Je crois
quil nest pas nécessaire de donner des détails,
car nous connaissons toutes (ou presque) les dialogues par coeur.
- Scène 3: le père totalement détaché:
il sassied à côté de son fils, ouvre son
journal et lit tranquillement pendant que le petit saffaire.
- Scène 4: le parent attentif: il aide à enlever les
patins, puis nintervient que quand cest nécessaire.
- Scène 5: le couple dévoué: les deux parents
sont présents. La mère à genoux pendant toute
la scène, au pied de son fils assis sur le banc. Elle enlève
les patins, les passe au père qui les nettoie, puis elle
ôte une première couche dhabits, les passe au
père qui les plie et les range dans le sac. Le fils se laisse
faire, tend vaguement les bras quand elle lui enfile les habits
tout en lui reprochant de temps à autre davoir mis
le pull à lenvers ou davoir oublié denlever
quelque chose.
Je
ne vous dirai pas dans laquelle de ces scènes je joue le
rôle principal. Javoue cependant que souvent jadmire
les pères - il y en a dailleurs beaucoup qui sont présents
- qui arrivent bien mieux que les mères à laisser
leur enfant se prendre en charge.
Quand
je vois toutes ces scènes, je me dis que chaque enfant a
une vie au quotidien très différente de celle des
autres et doit faire avec, quoi quil en soit. Je me prends
alors à imaginer que, les mercredis au vestiaire, les enfants
pourraient choisir le parent qui les assisterait, histoire dexpérimenter
de nouvelles sensations.
Cest ce qui se passe quand nos enfants vont manger chez un
copain-copine, quils y dorment ou y passent des vacances.
Ils rencontrent dautres manières de vivre, de manger,
de rire, ou de gronder. Relever ces différences, en parler,
permet de remarquer quil ny a pas quune façon
de vivre en famille et également de se rendre compte que
chez nous, ce nest pas tout pour le mieux ni non plus tout
pour le pire.
Retour
au menu "sommaire 2001"
|