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Devenir
femme, pas si facile
Elodie est grande. En 6e primaire elle dépasse d’une
tête les autres élèves et même la plupart
des enseignants. C’est avec une certaine impatience qu’elle
attend la venue de ses premières règles, car elles
lui signifieront qu’elle s’approche du terme de sa croissance.
Le jour venu, après un court moment de fierté et de
soulagement, elle est plutôt ennuyée par cette nouvelle
féminité. Elle ressent les problèmes d’hygiène
et les risques que cela se voie comme un désagrément
majeur. Il y a bien le fait que cela lui permettra un jour d’avoir
des enfants, mais à 14 ans cela lui semble bien lointain.
Pour ces raisons elle demande à sa mère de rester
discrète et de ne rien dire à personne.
Mais un jour, son petit frère découvre dans le caddie
du supermarché, au milieu des emballages divers, un paquet
inconnu.
- C’est quoi ça?
- C’est pour Elodie.
Il lui suffit d’entendre cette réponse neutre et anodine
pour avoir le regard qui s’éclaire:
- Ah, je sais, elle a ses règles! Super, je le dirai à
mon copain Matthieu!
Il faut bien des explications de la mère pour lui faire comprendre
qu’Elodie ne veut pas que cela se sache, et que cela ne regarde
absolument pas ses copains, même pas Matthieu.
Le soir, à peine le père a-t-il ouvert la porte d’entrée
que le petit frère s’écrie:
- Papa, Elodie a ses petites bringues!
C’est le drame, Elodie fond en larmes. Est-ce le fait que les
hommes de la famille sachent ou le terme peu élégant
utilisé par son petit frère? Les mots doux de sa mère
ne la calment pas. Elle devrait pouvoir lui faire un câlin,
mais Elodie est bien trop grande pour être prise sur les genoux
de sa mère... Il faut bien de la patience pour que tout rentre
dans l’ordre.
Le lendemain Elodie est toute souriante, elle confie à sa
mère:
- On m’avait dit qu’au moment des règles on pleurait
pour rien, mais je ne pensais pas que c’était à
ce point!
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