ARCHIVES
(2001)
Lien
de paroles...
Communiquer
a toujours été un art difficile. Jen veux pour
preuve la réunion de parents à laquelle jai
participé récemment.
Aujourdhui, il est de bon ton de sexprimer en faveur
de la synergie entre école et famille. En principe donc,
parents et enseignants devraient se donner la main, pour le plus
grand bénéfice et épanouissement de nos chers
petits. Et toute cette belle collaboration puiserait ses origines
et sa force dans une communication de qualité et sans entrave.
Voilà pour la théorie.
Et
voici un cas pratique: il y a eu, dans la classe de mon fils (5e
primaire), des agressions physiques et verbales répétées,
dont quelques enfants ont été la cible. Narrivant
pas à se débrouiller dans cette situation devenue
pénible pour eux, certains en ont parlé à leurs
parents respectifs, qui à leur tour ont réagi de façons
diverses. Daucuns se sont adressés à la maîtresse,
dautres aux parents des « agresseurs »,
dautres encore ont temporisé. Moi, jai choisi
daller faire un tour dans la cour de lécole,
avant le début des classes.
Je me rendais bien compte que mon intervention était une
mission délicate, qui risquait selon les cas de faire plus
de mal que de bien. Jai attendu tout dabord que ma colère
retombe, car je navais aucune envie de me montrer agressive
moi-même. Jai opté pour le ton amical et suis
allée à la rencontre de ceux qui faisaient la loi
dans le préau. Jai fait leur connaissance, je me suis
intéressée à chacun individuellement, à
leur trottinette ou à leurs jeux vidéo et jai
pu constater que cétait, somme toute, des gamins sympathiques.
Tout en bavardant, jai pu néanmoins glisser le message
qui me tenait à coeur: cesser « dembêter »
mon enfant.
Dans
les jours (et maintenant les mois) qui ont suivi, je nai pu
que me féliciter des résultats. Plus rien à
signaler, à part quelques rarissimes petits accrochages.
Par ailleurs, mon fils ma rapporté que lors dun
conseil de classe, les garçons à qui je métais
adressée avaient dit avoir apprécié le fait
que je sois venue pour « dire bonjour et discuter »
et non pas pour « crier et menacer » comme
certains autres parents lavaient fait. Jen ai déduit
que javais agi avec doigté.
Quelle
na pas été ma surprise à la réunion
de parents qui sest tenue un mois plus tard, quand un papa
a dit quil trouverait INADMISSIBLE que lon parle à
son fils sans autorisation parentale préalable! Cétait
sa position de principe, car par ailleurs son enfant nétait
pas le moins du monde concerné par les conflits évoqués.
Moi aussi jai pris la parole à cette réunion,
pour mindigner dun tel principe et affirmer quà
mon sens les mots restent toujours préférables aux
coups et que si lon veut apprendre à nos enfants à
communiquer de façon civilisée, il faudrait encourager
et non interdire les échanges verbaux: entre parents et enfants
(que ce soient les siens ou ceux des autres), les parents entre
eux, entre parents et enseignants... Je reste convaincue que tant
que lon respecte lautre, jeune ou moins jeune, on na
nul besoin dautorisation pour sadresser à qui
que ce soit.
Ne
nous barricadons pas et continuons à cultiver les palabres!
Sinon, gare à des dérives où, pour certains,
dire « bonjour » risque dêtre
perçu comme une agression!
Retour
au menu "sommaire 2001"
|