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(2001)
Petits
coups de rien du tout
Des enfants au sein de la même famille qui se chipotent, se
tapotent, se chamaillent et se tiraillent, cest normal, « standard ».
Si tout va bien, les enfants gèrent leurs conflits entre
eux, les rapports de force séquilibrent et les parents
restent spectateurs.
Dans la même ligne, il existe des situations presque similaires,
qui sont plus insidieuses et qui passent pourtant inaperçues.
Ce sont quand le(s) frère(s) tape(nt) « amicalement »
leur(s) soeur(s), souvent en dehors de vraies scènes de conflit,
de façon complètement banale. Je lai vécu
et ne lai guère apprécié. Je lobserve
autour de moi et cela me fait à chaque fois réfléchir.
Les garçons se donnent facilement entre eux des tapes dans
le dos, sur lépaule, des petits signes amicaux « virils ».
Nous les filles, ce nest pas trop notre style. En avez-vous
souvent vu se battre, pour rire, dans le préau ou le jardin?
Nous manquons donc dentraînement, sans compter quen
général, nous sommes moins fortes physiquement.
Pendant une période, heureusement pas trop longue, mes grands
frères ont pris lhabitude de me donner régulièrement
des coups de poing sur lépaule en passant, lair
de rien, avec le sourire, juste pour samuser. Jai bien
essayé de les leur rendre mais javais beau taper énergiquement,
je narrivais quà les faire rire. Tandis queux,
ils savaient y faire: un petit coup sec, « tchaak »
et cela faisait mal... physiquement et moralement.
Les parents devraient intervenir dans de tels rapports de force
pour combler les différences entre les protagonistes. Jai
justement limpression quils ne le font pas trop car
ces « petits coups de rien du tout » sont
souvent ressentis comme faisant partie de la norme. Nous sommes
encore influencés par les générations précédentes
où les femmes étaient considérées comme
inférieures aux hommes et quelles lacceptaient
en silence, de bon ou de mauvais gré. Cest normal et
même apprécié que le garçon ait ce genre
de gestes agressifs car cela prouve quil est viril. A la fille,
on demande dêtre arrangeante, de ne pas trop manifester
sa contrariété car tout cela na pas tellement
dimportance. Si elle se plaint, on lui rétorque quelle
na quà se débrouiller mais de manière
douce bien entendu, alors que, au contraire, les parents devraient
la soutenir quand elle se défend. Cette image est peut-être
un cliché, éventuellement en voie de disparition,
néanmoins encore vivace.
Tout est relatif, je le sais. Certains garçons ont aussi
été « martyrisés » par
leur soeurs. Il vaut donc la peine dêtre attentif aux
gestes et rapports de force qui existent entre nos enfants, de sinterroger
sur les habitudes bien prises, surtout si elles vont toujours dans
le même sens, et de se demander si chacun a vraiment toutes
ses chances dans le combat!
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