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(2001)
Poésie
amère
La cloche sonne, cest « lheure des mamans ».
Comme cest joli de nommer ainsi la fin des classes! Et comme
cest inexact, surtout à notre époque. Car ceux
qui attendent les petits écoliers à lheure des
mamans sont souvent la nounou, le papa, la voisine, le grand frère...
Et alors, me direz-vous, où est le problème?
Le problème est que les petits sont dotés dune
logique implacable. Alors même que vous leur avez maintes
fois expliqué que maman travaille aussi en dehors de la maison,
que cest loin, quelle ne peut pas forcément être
là à la fin des classes, mais quon se reverra
le soir, vos enfants sindignent, jour après jour, de
ne pas vous retrouver, comme il se doit, à la poétique
heure des mamans.
Curieusement, personne na songé à fixer lheure
des papas. La société (dont le langage est le reflet)
les laisse apparemment libres de choisir leurs moments de présence
dans la vie des enfants.
Face aux revendications de mon fils, jai cherché laide
de la maîtresse. Comment faire? Car, avant de devenir écolier,
mon petit était serein face au fait que sa maman travaille
à lextérieur, le rythme quotidien semblait lui
convenir et voilà que, tout à coup, en raison dune
belle expression linguistique (« survivance du passé »
a tenté de me rassurer la maîtresse) mon petit écolier
se retrouve triste et fâché, et moi à court
darguments.
La maîtresse en a parlé avec la classe: les mamans
qui travaillent au foyer - cest très bien, les mamans
qui travaillent loin de la maison - cest fort bien aussi.
De mon côté, jai eu lidée de dire
à mon fiston que lécole, cest son travail
à lui et que pour le faire, il doit partir de la maison et
« travailler » seul, sans la compagnie de
papa et maman. Largument a fait mouche, mais notre discussion
sur « lheure des mamans » est sûrement
loin dêtre close.
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