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(2001)
Leçon
de choses
- Viens, ma chérie, on va laver ton « zazou »!
Eh oui, ma fille a un « zazou ». Certes, cest
un néologisme familial, mais la partie du corps quil
désigne est bien réelle. Elle se situe là,
en bas, enfin, vous voyez, là où les garçons
ont des zizis et les filles ont... rien du tout.
Voilà comment le mot « zazou » est
né.
Après trois garçons, jai eu la joie davoir
aussi une petite fille. Le temps passant, je me suis rendue compte
que je ne savais pas comment nommer son sexe par un mot gentil,
du même registre que menotte, peton ou zizi. Jai attribué
cette lacune à mon origine étrangère et au
fait que mon enfance sétait déroulée
dans un autre contexte linguistique.
Jai mené alors ma petite enquête auprès
de toutes mes amies, mères de filles. Le résultat
me consterna.
Faute de mieux, certaines mamans appelaient le sexe de leurs filles
le « pipi » ou le « zizi »
(!), tout en étant conscientes des confusions que cela pouvait
engendrer dans les jeunes esprits. Dautres mamans utilisaient
les termes scientifiques et parlaient de « vulves »
ou de « vagins » à des petites de 18
mois. Cette manière de faire, quoique tout à fait
respectable et souvent recommandée dans les livres de puériculture,
ne me convenait pas pour des raisons de sensibilité personnelle
- je sentais que, de toute façon, un tel vocabulaire, malgré
sa correction, sonnerait faux dans ma bouche face à une toute
jeune demoiselle. Dautres mamans encore, même au bout
de plusieurs années, sarrangeaient pour ne jamais nommer
la chose, tandis que celles qui recherchaient un peu de poésie
mont parlé de « petite fleur »...
Cest au bout de cet inventaire linguistique décevant
que le « zazou » a fait son apparition chez
nous, car malgré mon enquête, les questions des grands
frères mont prise au dépourvu, lorsquils
ont voulu savoir ce que petite soeur avait à la place du
zizi. Pour linstant, le petit mot sympathique fait laffaire
dans le cercle familial, mais quen sera-t-il le jour où
ma fille sapercevra quelle est la seule à être
pourvue de « zazou »?
Tabou, quand tu nous tiens...
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