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(2002)
Patiences
Les
anciennes considèrent la patience comme la mère des
vertus... Nest-elle pas plutôt la vertu des mères?
Les filles dEve voient leurs existences rythmées par
de multiples attentes. Celles-ci, cultivées avec une philosophie
singulièrement féminine, sont autant détapes
initiatiques où toute précipitation est proscrite.
Le
désir de maternité, peuplé de rêves de
ventre arrondi, de mignon poupon à la peau douce et parfumée,
est, pour les jeunes filles, le premier cycle de la ronde des espérances.
Pour elles, confiantes dans les bras dun prince charmant dont
beaucoup se sont languies, la fertilité, tributaire des hasards
de la conception, est alors attendue comme un cadeau.
La
grossesse, enrichissant préambule à une inéluctable
mise au monde, cristallise lémotion maternelle dans
une longue préparation. Lenfantement, par sa difficulté
et sa durée, sinscrit à nouveau dans la tranquille
logique dune patience universellement dévolue aux femmes.
Lallaitement,
les veilles au bord du petit lit dans lattente de larrivée
dun hypothétique marchand de sable... Les malicieuses
lubies enfantines et leurs caprices associés... La première
dent, les premiers pas... Les premiers mots, les premières
fois... Plus tard, dans lobscurité de la chambre, lattente
teintée dangoisse du retour nocturne de lenfant
devenu grand. Et, après son envol, lespoir dune
visite aussi imprévisible quincertaine.
Bien
souvent, ces attentes, parfois fastidieuses, sont ponctuées
par larrivée opportune dun nouveau-né,
fruit de la chair de sa chair.
A
lorée du dernier cycle, une patience sereine adoucira
peut-être agréablement lexistence. Ebauche de
la nouvelle reine des vertus, elle nous envahit avec plénitude.
Serait-ce enfin la sagesse?
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