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Père
et fils
La discrète visite à mon fils endormi est un rituel
immuable auquel, chaque soir, quelle que soit l’heure où
je me couche, je me prête avec délice depuis sa naissance.
Après être entrée sans bruit dans son repaire,
je remédie affectueusement aux petits soucis qui n’encombrent
que mon esprit. Léger ajustement de son pyjama et délicate
remontée du duvet, subtil redressement de sa tête,
silencieuse évacuation de jouets encombrants... Une phase
contemplative attendrie, remplie d’interrogations, suit mes
indispensables interventions. Quelle femme, avant de s’endormir
à ses côtés, observera avec émotion mon
« petit-devenu-grand »? Qui remarquera ses
cils interminables, sa bouche délicieusement charnue? Qui
caressera avec douceur sa douce peau si joliment ambrée?
Ma belle-mère a-t-elle regardé son fils comme je contemple
le mien? A-t-elle pensé à moi avant même de
me connaître? Y pense-t-elle encore maintenant que je suis
celle qui partage sa vie? Avant notre mariage, elle m’a envoyé
un petit cadeau accompagné d’un mot disant simplement
« Prends soin de mon petit! ». Passage de
sentiments en forme de présent.
Je referme doucement la porte de la chambre d’enfant et, dans
la mienne, retrouve le « petit » en question
étendu du long de ses 1m80 et dormant d’un sommeil de
plomb.
Je n’ajuste pas son pyjama, ne redresse pas sa tête,
ne le couvre pas... Mais je le regarde avec la même intensité.
Ces cils interminables! Cette bouche charnue! Cette peau douce et
sombre!... L’amour est là, autour de moi.
Satisfaite, je peux maintenant m’endormir tranquillement!
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