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(1992)
Les
vertus de l'échec
Chez
elle, il n'y aurait pas d'échec. Elle était une jeune
femme, mère au foyer, qui lisait tous les livres sur l'éducation.
Son métier, à elle serait d'éduquer au mieux
ses enfants pour les empêcher, comme elle, de souffrir d'un
manque de culture, de connaissance, qui, elle était sûre,
lui créait des crises d'angoisses et de panique, d'incompréhension
sur la marche du monde.
Alors à peine le premier enfant arrivé, elle se mit
à essayer d'être une mère parfaite! A l'époque
on suivait à la lettre le livre du Dr Spock. Un cri, un bobo,
vite le Dr Spock! Dans le pays lointain, où elle vivait alors,
c'était son père, sa mère, son médecin,
bref sa bible.
Puis plusieurs enfants sont arrivés les uns après
les autres. Et peu à peu, il fallut se rendre à l'évidence
que quelques petits échecs apparurent! Il fallut même
avoir recours à un psychologue car l'un des garçons
refusa net d'aller à l'école! C'était des hurlées,
des cris, rien n'y faisait ! La mère catastrophée
y perdait son latin !
Puis peu à peu au fil des années, elle comprit que
les échecs faisaient partie de la vie. Peu à peu,
elle a perdu ses illusions enfantines. Pour évoluer, pour
comprendre certaines choses. Apprendre à se découvrir
et à se connaître à travers l'échec.
Comprendre ses limites, ses erreurs.
- Mon Dieu, s'il te plaît, fasse qu'il réussisse sa
maturité. Combien de prières elle a fait dans le fond
de son coeur. S'il rate sa maturité, cela j sera trop injuste,
il a tant travaillé, il est si fatigué, il va craquer,
j'en suis ci sûre.
Et il a raté sa maturité, il n'en est pas mort. L'année
d'après il l'a réussie. Un autre a été
renvoyé du service militaire, un autre a loupé un
brevet d'avocat après huit années de travail acharné.
Des hauts et des bas, il y en a eu beaucoup, beaucoup d'échecs,
mais aussi beaucoup de réussites. La vie de famille s'est
enrichie, même s'il y a quelques blessures qui ont de la peine
à se cicatriser. Tous se sont sortis d'affaire. Grâce
à certains échecs, les enfants ont grandi en humanité
et en maturité.
Quant à la mère, elle a aussi beaucoup appris. Surtout
à ne pas pleurer, consoler si c'est nécessaire, mais
pas toujours, car les pleurs d'une mère, ça souvent,
ils ne supportent pas !
Maude
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