ARCHIVES
(1992)
A
propos de la violence
Une
récente émission à la télévision
faisait état de la violence dans les écoles de Suisse
romande. Si celle-ci a toujours existé dans les préaux
et dans les souvenirs, comme parents, nous avons reçu les
menaces proférées, les images montrées comme
un coup en plein coeur.
Peut-on faire quelque chose contre la violence ?
En réfléchissant, je me suis rendue compte que l'agressivité
est naturelle, nous la connaissons tous si nous sommes honnêtes,
et l'histoire passée et contemporaine en est remplie.
Au niveau individuel, dans notre vie quotidienne, elle engendre
souvent la peur et avec elle le refus, le recours à l'interdiction,
aux sanctions. Cette attitude amène invariablement une augmentation
des symptômes: envers l'entourage, la personne violente est
alors rejetée, marginalisée, envers soi, la tristesse,
le repli sur soi, la dépression ne sont pas loin.
La violence peut aussi être acceptée, écoutée,
canalisée et de nouvelles solutions se dessinent permettant
une évolution positive.
En voici un exemple concret:
Un livre édité en avril1991* montre le côté
intérieur de la violence, où celui qui l'éprouve
ne peut s'expliquer que par des coups. Devenu insupportable pour
son entourage, un enfant de dix ans est envoyé au Service
médico-pédagogique par son maître pour l'aider
à comprendre ce qui se passe en lui. Au fil des pages, José
exprime sa difficulté de vivre, son angoisse devant la vie.
il choisit d'écrire à sa thérapeute et prend
conscience que donner des coups de poings, c'est aimer à
l'envers. Il raconte son enfance passée chez sa grand-mère
en Espagne, son arrivée à Genève chez des parents
qu'il connaît à peine, sa haine pour son petit frère
qu'il doit garder, sa difficulté de s'exprimer dans une langue
qui n'est pas celle de sa famille, sa vie quotidienne dans une grande
ville.
En sept semaines, l'enfant fait le tour de son problème et
décide d'interrompre le traitement: il a trouvé sa
place dans sa famille, il a appris à réfléchir:
"ça m'intéresse de comprendre, j'ai l'impression
que c'est très important pour vivre, pour bien vivre avec
beaucoup d'amour".
Ce court récit est un signe très positif. Il nous
renvoie à nos possibilités d'action: "si le papa
et la maman à la maison et le maître à l'école,
ils pouvaient comprendre ce qu'on veut dire même si on le
dit mal, ça serait vraiment bien. Je suis en train de me
demander une chose: est-ce qu'après être venu chez
vous (la thérapeute) c'est-à-dire quand on a commencé
à comprendre pourquoi on faisait des choses de travers, est-ce
qu'on peut mieux comprendre quand les autres - les petits et aussi
les grands - font aussi les choses de travers? J'espère vraiment
que oui, comme ça on pourrait tous s'aider un peu mieux quand
on comprend pas tout seul ?"
Qui dit mieux ?
Monique
* José
Joselito, de Hubert Auque. Editions B. Campiche
Retour
au sommaire 92
|