ARCHIVES (1993)

Impression de "copines"

L'autre soir, j'avais une réunion avec quelques copines d'école et j'avais quelque appréhension des souvenirs que nous allions réchauffer. Je me rappelais aussi des premières rencontres où certaines ne parlaient que de leurs enfants, de langes, de rythme de sommeil, alors que moi, j'étais plongée dans la vie professionnelle avec mon énergie lancée dans l'exploitation de connaissances. Ces conversations m'ennuyaient. Qu'allait me réserver ce soir, ces échanges avec des femmes que j'avais un peu perdues de vue?
Arrivée la première au bistrot, j'en suis ressortie, me baladant dans les rues alentour; puis de retour, je me suis assise autour de la table et à bâtons rompus, chacune a parlé de ce qui lui tenait vraiment à cœur. Celle qui a enfin du temps pour la peinture, s'y plonge et en découvre les limites, celle qui a beaucoup voyagé, travaillé à l'étranger et revient en ayant traverser les océans pour retrouver sa mère devenue aveugle, celle qui découvre les joies de la musique, les difficultés pour la débutante qu'elle est. Il se dégageait une authenticité que je n'avais pas attendue, un partage d'émotions vraies qui nous touchaient... Nous avons parlé des difficultés pour les mères de vivre l'adolescence de leurs enfants, le mariage de leurs enfants et enfin de l'apprentissage du respect d'autres normes avec l'éducation des petits-enfants:
- " Tu te rends compte, ma belle-fille congèle son lait après l'avoir tiré; comme ça c'est son mari qui lui donne le biberon et elle peut sortir ..."
- "et mon fils, il fait du bateau à moteur avec son bébé de 15 jours..."
- " Les miens emmènent leur nourrisson au restaurant tout enfumé et bruyant... "
Accouchement "sans douleur" pour nous, avec péridurale pour elles. Les temps changent. Ce qui me frappe c'est la fragilité des théories, c'est le souci moins de la critique que de la recherche de ce qui est le mieux pour l'enfant; le doute possible que ce qui nous semblait le meilleur peut être perçu différemment: le nouveau-né écarté dans le silence et la tranquillité de sa chambre se développera-t-il plus harmonieusement que celui qui est tout proche de la vie active et peut- être bruyante de ses parents?
La tolérance s'apprend chaque jour, elle sort fortifiée de ces quelques heures passées hors du cadre quotidien, dans un espace de liberté; les unes comme les autres, nous avons reçu des tranches de vie vécues par nos amies quinquagénaires. Merci les copines, c'était bon...

Monique

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