ARCHIVES
(1993)
Donnez-leur
des tam-tam, du piano, des klaxons ou des violons
La
rythmique et le solfège ne sont plus les seules mamelles
de la musique. De nouveaux ateliers d'éveil explorent rythmes,
sons et bruits. Et les enfants ouvrent les oreilles.
Taper sur les radiateurs avec un bâtonnet dans chaque main,
c'est grisant. La tuyauterie résonne, les voisins dégustent,
le bébé hurle. La première fois, les parents
pouffent de rire. Mais ils ajoutent que ce jeu est désormais
interdit, car trop bruyant. Comme les couvercles de casseroles-cymbales,
le jeu "A qui criera le plus fort ?" ou les huit mains
sur le clavier avec les copains.
Les tout-petits s'intéressent spontanément aux objets
qui produisent des sons. Pas bêtes, les fabricants de jouets
glissent d'ailleurs souvent un grelot, une boîte à
musique dans les peluches. Peu à peu, sa curiosité
guide l'enfant vers d'autres explorations: il ne se contente plus
de faire du bruit, il découvre des sonorités diverses.
Il teste les effets de sa force sur l'intensité du son. Alors
il recevra un xylophone ou une flûte, des miniatures, histoire
de ménager les oreilles tout en canalisant ses élans.
L'éducation musicale commence souvent plus tard, avec l'entrée
à l'école. Il importe dès lors de faire de
la rythmique: on se déplace au son d'un piano, au rythme
d'un tambourin. Une fois la base du solfège acquise, vient
l'heure - pour les gosses les plus vernis - de "jouer d'un
instrument". Affaire sérieuse, car le piano, le violon,
le cornet ou le saxo choisi servira pour ainsi dire de totem, en
tout cas, de signe extérieur de culture. Et si le solo de
percussion domestique sur radiateur d'immeuble pouvait s'enchaîner
avec des airs pour chérubins et instruments sonores en atelier
d'éveil musical? Aujourd'hui, il existe des lieux où
l'approche de la musique tient compte de la soif de rythme, de sonorités
et de jeux des jeunes enfants.
" Il existe comme un vide juridique à propos de l'initiation
des tout-petits à la musique ", estime Etienne Favre,
ex-professeur de solfège, père de famille et musicien-inventeur
de jeux déjà célèbres. " On a oublié
de créer des instruments qui tiennent compte de leur envie
de musique et de leur passion du jeu ". Sa réponse?
Les faire jouer dans des maisonnettes-carillons, sous des arbres
à triangles et cymbales, sur des toboggans musicaux et des
escaliers sonores qui se dévalent en vous donnant une gamme.
Et si un enfant n'a pas le sens du rythme? "Tout le monde peut
sentir le rythme: nous avons tous un cur qui bat. Mais notre
culture privilégie la mélodie ", regrette Stéphane
Borel, percussionniste. Pour cet enseignant du Conservatoire de
Lausanne, " acquérir les pulsations ", coordonner
les mouvements et sentir le temps avec sa masse corporelle, avant
de choisir un instrument, ne serait pas un luxe.
Ariane
Racine
Le Nouveau Quotidien, oct. 1992 adapté par F. G.
A
Genève, une nouvelle école initie les enfants de un
à douze ans à la musique, en faisant appel à
leur participation active et à leur imaginaire. *
Comme le dit Catherine Zumbach, musicienne et ergothérapeute,
fondatrice de cette nouvelle école: "Dans notre culture,
les mères ne chantent plus. C'est dommage, parce que le chant
permet un rapport différent de la parole. La musique peut
commencer au berceau déjà".
F.G.
* Faisant
une petite entorse au caractère non publicitaire de notre
journal, nous nous permettons de vous signaler les coordonnées
de cette nouvelle école, car de plus en plus de parents se
demandent quel enseignement musical choisir?
Si vous désirez en savoir plus, vous pouvez vous adresser
à " l'Espace Musical Créatif et Pédagogique",
33bis, av. Pictet-de-Rochemont, 1207 Genève ou av. de Vaudagne,
1217 Meyrin, tél. 7001790. Les inscriptions pour septembre
auront lieu en avril.
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