ARCHIVES
(1993)
Un
week-end décisif
Il
est six heures du matin et je me prépare à partir
en week-end avec des amies, laissant mari et enfants. C'est une
grande première et, je l'avoue, je suis un peu inquiète.
Jean n'a que dix-huit mois et mon mari n'est pas entraîné
à garder seul les enfants; de plus Geneviève et Caroline
ne manquent pas une occasion pour dire "je veux rester avec
Maman".
Avant de partir j'embrasse tout le monde, comme promis, et les filles,
qui n'arrivent jamais à se lever pour l'école, se
réveillent. L'une me dit "j'ai mal à l'oreille",
l'autre "j'ai peur". Je les envoie dans le lit de leur
père, donne les dernières recommandations, et file
à la gare.
Au terme d'une journée fort réussie, je téléphone
à ma petite famille. Les nouvelles sont bonnes. Jean a été,
comme prévu, "déposé" chez ma tante,
alors que mon mari est parti visiter l'Oberland bernois avec les
filles.
Pour la première fois je peux leur parler au téléphone
sans entendre entre deux sanglots: "Quand est-ce que tu reviens?"
Au contraire, deux petites voix gaies me racontent les spaghettis
de midi, l'hôtel avec une piscine malheureusement trop froide
pour s'y baigner, la joie de voyager avec Papa et le plaisir de
découvrir le Jungfraujoch!
C'est le cur parfaitement léger que je profite pleinement
de ma liberté. De retour à la maison je trouve tout
en ordre; Jean dort déjà, les filles m'attendent impatiemment,
car il y a tellement de choses à raconter, et mon mari savoure
un repos bien mérité.
Cette expérience a été positive à plus
d'un titre: les filles ont appris qu'il n'y avait pas que Maman
au monde et qu'il était possible de vivre agréablement
sous la bienveillante autorité paternelle; moi-même
j'ai constaté avec surprise que mon mari était parfaitement
capable d'assumer avec succès la garde des enfants. Pourtant
je ne pars pas souvent seule, mais savoir que cela est désormais
possible me donne déjà un certain sentiment de liberté.
Laurence
Cingria
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