ARCHIVES (1993)

Réactions


A propos de la préparation à la vie
Après lecture de l’article «J’aime pas ça» bis (mars 1993) une grand-mère me faisait part de son souci quant au respect excessif de l’individualisme et des difficultés qui peuvent en découler. Lors de caprices alimentaires, une trop grande tolérance empêchera-t-elle les enfants de s’adapter ultérieurement aux exigences de la vie?
«Les frustrations qu’ils auront à vivre - et elles peuvent être nombreuses - comment seront-ils armés pour y faire face si tu aplanis trop souvent leur chemin?» me dit-elle.
Interpellée, j’ai réfléchi un moment. Bettelheim est venu à mon secours: chez les enfants qui vivaient en communauté thérapeutique, il laissait à disposition autant de bonbons que ceux-ci pouvaient en avoir envie! Pour quelle raison? Ce grand pédagogue pensait que dans le stress de la vie quotidienne, l’enfant devait pouvoir trouver à sa portée une petite compensation... Cet exemple illustre une certaine liberté de l’enfant: en fortifiant son moi, il pourra, adulte, mieux faire face aux difficultés et n’aura plus besoin du support «bonbon».
Cependant, je n’étais plus aussi sûre de moi-même. Quand je ne sollicite pas l’aide de nos enfants - par exemple dans les travaux du jardin - est-ce par faiblesse ? Exiger des gestes qui seront peut-être refusés ou exécutés à contre-coeur, est-ce que j’y renonce pour eux ou pour mon confort? Toutefois quand l’aide vient spontanément, quelle joie : elle n’est pas un dû mais un don...
Dans un troisième temps, j’ai voulu connaître l’opinion des intéressés, jeunes adultes maintenant. La réponse m’a surprise : «Vous nous avez arrangés sur le moment car nous avions priorité; pourtant, vous nous avez aussi compliqué la tâche; nous avions à assumer nos choix plutôt que d’être fâchés contre vous et quelquefois nous avions plus ou moins mauvaise conscience...».
L’avenir nous dira si notre manque d’interventionnisme aura rendu leur insertion dans la vie plus difficile ou favorisé l’éclosion de leur personnalité et l’adaptation à naviguer sur le fleuve de la vie.

Monique

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Cher lecteur, chère lectrice,
Non, ce n’est pas moi qui me suis désignée - après quelques lignes sur le solfège - par les mots «enseigne la méthode Wilhelms» ! (avril 1993)
Wilhelms était assez méfiant envers les mots, heureusement pour tous ceux qui l’ont compris au propre et au figuré. Sachant que le terme «méthode» évoquait (à tord, mais c’est ainsi) plutôt la rigidité que la souplesse, la liberté de tel ou tel «chemin» pédagogique, il préférait que l’on recourut à ses principes et comptait sur l’intuition et l’élan de chaque enseignant pour les nourrir.
Donc j’enseigne la musique sur ses principes avec mes tics et mes tacs qui ne deviendront jamais, je l’espère, simple tactique.

Sylvie Gabus

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Un autre message
En lisant l’article de Maude (mai 1993) où une mère dit au pédiatre que de toute façon, il vaut mieux ne pas faire d’enfant dans ce monde perturbé, j’ai eu envie de livrer un autre message, une autre expérience.
Il y a quelques semaines, nos voisins ont eu un bébé. Dès le retour de la maman à la maison avec son enfant, ma fille et moi sommes allées leur rendre visite. Sophie était ravie et admirative devant ce petit être si beau et si parfait que la jeune mère était entrain de nourrir.
Plus tard dans la soirée, bien calée dans le canapé à côté de papa et maman sirotant leur café, elle commence à expliquer :
«Je me réjouis d’être maman, d’avoir des enfants, d’ailleurs j’en aurai quatre, le premier à 22 ans, puis les autres jusqu’à trente ans, mais pas plus tard.»
Ce n’est pas la première fois qu’elle nous parle de ses projets de maternité, et même, si elle n’a que onze ans, elle est fermement décidée à devenir mère et à trouver un «gentil mari». Elle n’abandonne pas pour autant l’idée de faire des études de médecine ou d’entamer une carrière artistique !
Parle-t-elle ainsi parce qu’elle est une fillette, ou est-ce typique pour son âge ? Au fond de moi, quelque chose me dit qu’elle a trouvé autour d’elle un ou des modèles qui lui donne cette envie de devenir mère, d’ailleurs pas exclusive au sexe féminin, puisqu’une amie me racontait hier que son fils jouait à papa et maman à longueur de journée

Françoise Grondahl

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