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(1993)
Help-o-phone
Depuis
le 3 mai, un nouveau numéro de téléphone est
à la disposition des enfants et des jeunes, à leur
écoute de manière continue dans toute la Suisse :
le No 157 00 57, Help-o-phone. Ce numéro regroupe dautres
permanences telles que SOS-Enfants, Genève et Lausanne, SOS
Jeunesse Sion, La Main Tendue, etc. Les appels provenant du 157
00 57 sont déviés sur ces centrales, implantées
dans le réseau social de leur région.
Le mois de juin signifie pour certains jeunes larrivée
dune vague dangoisse : peur de léchec scolaire,
crainte de devoir se partager durant lété entre
deux parents séparés, perte du cadre habituel rassurant.
«Je ne sais pas où je vais passer mes vacances: Papa
et Maman viennent de se séparer... A la rentrée, jirai
habiter chez qui?»
«Je dois doubler mon année. Je nose pas rentrer
à la maison. Mes parents vont être fâchés...»
Sous-entendu, ils ne vont plus maimer. Dur de casser son image
à cet âge.
Ils ont entre neuf et quatorze ans et sont en détresse. Leur
angoisse, ces jeunes lexpriment au téléphone.
«Avant les grandes vacances dété, comme
à Noël du reste, nous recevons toujours plus dappels
quau cours de lannée», commente une psychologue
à la centrale dappel.
Quitter lécole est angoissant
A la crainte de léchec scolaire, qui marginalise et
sape lestime de soi, donc terrorise, sajoute celle de
la pause estivale. «Quitter lécole est angoissant:
on est coupé de son cadre habituel, de ses copains. Sil
ny a pas de vacances prévues, cela signifie souvent
le désoeuvrement; sil y en a, cest le contact
permanent avec les parents, qui découvrent parfois leur enfant
et se posent à cette occasion des questions sur eux-mêmes:
pourquoi ai-je des enfants, pourquoi vivre en couple?
«Parfois, un enfant appelle et commence à parler. On
entend quelquun qui arrive derrière lui et boucle le
téléphone... Mais le plus terrible, cest lenfant
qui pleure au bout du fil et narrive rien à dire. On
sait que derrière les larmes du jeune il peut y avoir, outre
les angoisses psychologiques, des sévices corporels ou des
abus sexuels. Et tant quil narrive pas à sexprimer,
on ne peut strictement rien pour lui...»
Avoir besoin dun adulte
Quest-ce qui pousse un enfant à téléphoner?
Cest, à lévidence, exprimer un besoin
de communication et pas avec nimporte qui: avec un(e) adulte.
Lenfant désappointé, sil se sent trahi,
abandonné, incompris par ses proches, accorde tout de même
un certain crédit au monde «des grands»; il est
encore capable de confiance.
Il faut être écouté attentivement
Une centrale dappel a une autre fonction: montrer à
lenfant quil nest pas le seul à avoir des
problèmes. Si une antenne existe, cest quils
sont nombreux dans son cas. Il nest pas un être à
part. «Lécoute active contribue aussi à
soulager la solitude des enfants et des ados, qui est vraiment un
phénomène de société», estime
le responsable de SOS-Enfants.
Il nexiste plus de réseaux dadultes disponibles,
attentifs aux problèmes des jeunes, comme, dans le passé,
grands-mères, oncles, amis des parents, etc. On ne peut parler
quà «linstitutionnel»: maîtresse,
infirmière scolaire, conseiller aux études. Et souvent,
ce nest pas à eux que les jeunes ont envie de confier
leurs angoisses.
En composant le 157 00 57 les enfants et les jeunes auront comme
interlocuteurs des adultes formés à lécoute,
des collaborateurs qualifiés au bénéfice dune
formation reconnue dans le champ de lactivité psychologique,
sociale ou pédagogique. Ils sont soumis à un code
de déontologie très sévère et au secret
de fonction.
extrait de la Tribune de Genève
et du dossier de presse de Help-o-phone
adapté par F.G.
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