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             ARCHIVES 
              (1993)  
            Ni 
              paradis, ni enfer 
             - 
              Cétait chic davoir un copain de ton âge 
              pour passer lété avec toi? 
              - Euh... ouais! 
              - Tu nas pas lair convaincu. Vous navez pas pu 
              jouer ensemble à des jeux de garçons? Vous vous êtes 
              disputés? Quest-ce qui nallait pas? 
              - Au commencement, jétais bien content. Jen avais 
              assez de ma petite soeur qui ne comprend rien à mes jeux, 
              qui ne sait pas courir ni aller à vélo. Mais... 
              - Mais quoi? 
              - Lembêtant, cest que Daniel voulait toujours 
              les mêmes choses que moi. Il touchait toutes mes affaires, 
              demandait la moitié de mes légos quand je voulais 
              faire une construction et disait tout le temps. «après, 
              tu me le prêtes» quand je sortais mon arrosoir ou mon 
              vélo. Des fois, jétais tellement énervé 
              que je piquais des crises pour un rien. Lui mouillait son lit et 
              ça ne sentait pas bon le matin. 
              Enfin, il est reparti chez lui. Ouf! ça va mieux. Mais cest 
              tout vide, maintenant. Des fois, je repense aux saucisses quon 
              faisait rôtir dans le champ, au matches de foot, aux poursuites 
              dIndiens, aux rigolades le soir au lit. Cétait 
              super. En tout cas, il y avait des moments formidables. 
              - Je te crois sur parole Gregory: des moments formidables alternant 
              avec des gestes dimpatience, des cris, des coups de poings, 
              de lenvie, des déceptions. Nest-ce pas? 
             La 
              vie en commun, cest ni le paradis, ni lenfer. Que ce 
              soit avec la petite soeur, avec les copains, avec les parents, cest 
              déjà quelque chose quand les moments dentente 
              sont aussi nombreux que les malentendus et les brouilles. 
             
              Marguerite Loutan 
             
             
            
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