ARCHIVES (1993)

"Pour que les enfants jouent"

L’auteur de cette brochure*, R. Caffari-Viallon, est chef du Service de la jeunesse et des loisirs de la ville de Lausanne. Elle nous fait part des observations qu’elle a pu faire dans les crèches et garderies vaudoises. Il m’a paru intéressant de relever certains points généraux valables pour les parents que nous sommes; l’attention sera centrée sur le jeu imaginatif surtout.

1. Rôle du jeu:
C’est par lui que l’enfant exprime ses possibilités, c’est par lui qu’il se découvre à lui-même et qu’il se livre à autrui. Il permet de maîtriser les émotions passées, de trouver un soulagement imaginaire pour les frustrations. L’enfant découvre et apprivoise la vie. Le jeu spontané est donc une activité essentielle, il n’est pas un passe-temps offert quand on n’a rien d’autre à lui proposer...

2. Rôle de l’adulte:
Plus l’enfant est petit, plus la présence de l’adulte est nécessaire (d’abord dans nos jambes jusqu’à 2-3 ans, à portée de vue dès 4 ans, enfin atteignable dès 7 ans). La raison? Bien sûr le sentiment de sécurité, s’agissant de jeu symbolique, l’auteur se demande si, pour pouvoir s’immerger dans ce monde parallèle, l’enfant n’a pas besoin que l’adulte soit présent en devenant le garant de la réalité (par ex. quand l’enfant s’identifie au loup, au lion ou au tigre, il reste Paul ou Sophie pour sa mère présente).
L’adulte peut penser le jeu, le prévoir, créer les conditions favorables, mais il reste un acteur de second plan. Il est disponible et peut proposer de nouvelles orientations: le jeu est d’abord une attitude intérieure, ensuite une conduite.
Lorsqu’il faut interrompre le jeu, l’enfant doit se voir offrir un délai - c’est-à-dire être averti qu’il doit bientôt cesser de jouer - il peut ainsi quitter l’attitude mentale dans laquelle il est plongé, se détacher de son jeu et revenir à la réalité. Si un enfant est trop souvent interrompu dans son activité, il en vient progressivement à ne plus s’investir dans une activité ludique et n’apprend d’ailleurs pas non plus à respecter nos activités...
Dès l’âge de la scolarité, on attend de l’enfant qu’il engrange des connaissances et le jeu doit se contenter le plus souvent de la portion congrue, soit de la part de sa vie qui échappe à l’organisation mise en place par les adultes. Si cette part est trop minime, le jeu est étouffé par “l’entreprise éducation”. Qui de nous, au début des vacances, n’est pas effrayé par l’immensité du temps libre et organise jusqu’aux moindres détails, alors que l’enfant est plein de ressources si on veut bien accepter un certain flottement entre des activités prévues avec lui?

3. Conclusion:
Le jeu n’est pas un rêve, il est l’apprentissage du monde de l’autre, de la relation. C’est avec son aide que l’on grandit et c’est en lui que plongent les racines de la vie intérieure; c’est en jouant qu’il faut entrer dans la vie.

Monique

*cahier No 1, E.E.S.A. Lausanne

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