ARCHIVES (1993)

Les mères de famille:
des manutentionnaires!

Où sont mes gants? Qui a vu ma carte de tram? Qui a pris la pompe à vélo? Et le branle-bas du petit matin commence! Je vire et tourne comme une toupie, un oeil sur la pendule, l’autre sur la casserole à lait et un troisième - mais oui, les mères de famille ont des yeux tout autour de la tête, c’est connu - qui cherche l’objet disparu: la chaussure que le chien a prise pour jouer, le devoir de math qu’on a relu dans son lit et qui est resté en haut, l’écharpe oubliée à la cave quand on est allé chercher du bois, etc.
Quand la porte claque et que démarrent les vélomoteurs, que le car klaxonne au bas du chemin, un silence délicieux descend sur la maison. Les chats s’installent pour dormir sur le fauteuil près de la cheminée et je vaque.
Si d’après les statistiques, on passe 25 années de sa vie au lit, j’ai bien passé dix ans de la mienne à déplacer des objets pour en chercher d’autres! Les mères de famille sont d’abord des manutentionnaires!
Quand je virevolte sur les talons de mes gars, je me demande toujours si plus tard leur femme les aidera à chercher la clef de la voiture ou le petit papier sur lequel ils ont griffonné un renseignement important? Seront-elles du type: débrouille-toi, je ne suis pas ta nounou, ou des distraites sans mémoire, qui ne font que passer, ou des efficaces, toujours un peu triomphantes sur les bords, ou de bonnes petites fées du logis, chez qui chaque chose est à sa place, ou des soucieuses dans mon genre, qui supportent mal la panique des enfants (et du mari) et remuent ciel et terre pour retrouver la petite plume ou le gros caillou, trésor sans valeur, mais trésor.

Denyse Sergy

Retour au sommaire 93

 

  Informations :
info@entretiens.ch
  Réalisation du site:
NetOpera/PhotOpera
 

© Entretiens sur
l'Education, 2000

Accueil Articles Archives Abonnements Adresses Le journal Archives