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(1993)
Les
tailleurs de pierre
Je
rendis visite un jour aux tailleurs de pierre. Je leur posai à
tous la même question: «Que fais-tu?»
- Je taille des pierres, c’est mon métier, répondit
le premier.
- Je taille des pierres pour gagner ma vie, répondit le second.
- Je taille des pierres pour construire une cathédrale avec
d’autres hommes, répondit le dernier.
Chacun de nous a sa vision de la vie, du monde, sa façon
à lui de concevoir et de ressentir les choses.
C’est nous qui attribuons à nos actions, à nos
activités une certaine valeur. La société nous
influence aussi et nous amène à voir les choses sous
un certain angle, à les juger bonnes ou mauvaises, désirables
ou indésirables, plaisantes ou déplaisantes. Pourquoi
nous paraît-il plus agréable de dévaler une
pente à ski que de faire la vaisselle?
En changeant notre vision des choses, nous changeons notre vie.
Cela nécessite que nous acceptions de vivre selon nos valeurs
personnelles, même si elles sont en désaccord avec
celles de la majorité.
Le fait que notre vision des choses soit personnelle montre aussi
la vanité des discussions où s’opposent des points
de vue divergents et où nous cherchons à avoir raison.
Nous acceptons qu’il est vain de se disputer. Pourquoi avons-nous
de la peine à appliquer le même raisonnement aux opinions?
Les divergences sont enrichissantes. Pourquoi les ressentons-nous
comme des menaces? Mettent-elles en doute nos certitudes? Si c’est
le cas, combien celles-ci sont-elles fragiles!
Et vous, pourquoi taillez-vous des pierres? Pourquoi faites-vous
ce que vous faites? Quel sens donnez-vous personnellement à
votre vie familiale, professionnelle et à votre vie intérieure?
Charles Bruhlart
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