ARCHIVES (1994)

Contes

Les contes donnent des réponses aux questions sans réponse.

Prise dans la circulation de six heures, des voitures partout, fatiguée par une journée de travail, j’essaie de trouver mon chemin pour arriver à l’heure à une soirée hors du temps... insolite qui excite ma curiosité.
En effet je suis invitée à une soirée au coin du feu où des conteurs et conteuses vont nous emmener dans le monde irréel, magique, extraordinaire des contes.
J’arrive en pleine campagne dans une vieille ferme. Devant la porte des balais de sorcières, une grosse courge allumée me dit que c’est bien là.
Je regarde tous ces visages de tout âge qui vont s’animer l’un après l’autre. Je ne connais personne, mais tous ont en commun la même passion. Mères de famille - psychologue - maîtresse d’école - grands-mères au foyer - toutes ont fait un effort d’originalité. Il y en a une, très jeune et charmante, qui a une petite décalcomanie de sorcière sur la joue, de longs cheveux blonds, un diadème, habillée d’une tunique pantalon blanc d’un très joli effet.
Chacune a écrit son nom et on va tirer au sort pour savoir qui va commencer à “conter”. La jeune fille annonce les conteuses en tournant la manivelle d’une boîte à musique qui nous met tout de suite dans l’ambiance!
Par contre le seul monsieur du groupe ne veut pas être annoncé par cette douce musique! Elle ne cadre pas du tout avec son conte! Quelqu’un sort alors un autre instrument, sorte de xylophone dont le son nous donnerait volontiers des frissons! Son conte nous parle d’un roi qui se sent vieux et malade et qui fait venir son fils pour le préparer à sa succession sur le trône... il va vivre une série d’aventures plus extraordinaires les unes que les autres. Le conteur a une voix grave et il nous subjugue par son charme.
Le feu crépite, bien installée dans un confortable fauteuil, j’écoute et regarde tous ces visages qui sont centrés sur l’histoire. Les yeux s’agrandissent. On oublie tout... on a peur pour ce fils. Je redeviens une petite fille et j’écoute la petite voix intérieure qui me dit: "Ce n’est pas une vraie histoire, tu sais. C’est un conte, et cela finira sûrement bien, comme dans les contes."
Je suis un peu rassurée. Mais il n’épousera pas la belle princesse, celui-là. Non, il y a une autre fin, un peu triste mais plus subtile! Je cherche le message, la signification profonde de ce conte, mais c’est déjà le tour d’une jeune femme, style romantique, qui va nous emmener dans le royaume d’une ogresse avec des sortilèges, des tours de passe-passe, des transformations. Les amours d’une belle jeune fille avec un beau jeune homme qui est caché par l’ogresse depuis de longues années et qu’elle va nourrir en cachette...
Mais le temps passe bien vite avec les conteuses, il faut repartir dans la nuit brouillardeuse... heureusement j’ai avec moi une petite sorcière, avec son balai fait en papier mâché, que j’ai reçue. Comme un talisman, elle protégera ma rentrée dans le monde bien réel que j’avais oublié l’espace d’une soirée...

Maude

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