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(1994)
Il n’y a plus de saison
Quand le printemps éclate, du jour au
lendemain c’est l’été. Les enfants le savent
bien qui se déshabillent en un tour de main. Ils se moquent
qu’on dise “en avril ne te découvre pas d’
un fil”. Pour eux, au moindre rayon de soleil un peu chaud,
“c’est mai où l’on fait ce qui nous plaît”.
Comme les jolies femmes, ils se plaignent de ne rien avoir à
se mettre. Et c’est vrai. Tout est trop petit, trop court,
à croire que les enfants sont comme les conifères:
ils poussent en hiver.
Et vous voilà à courir les boutiques. Sans EUX. La
corvée est pour vous. La mode a changé, fini le violet
avec du vert, on va vers les tons natures et les tissus écolos.
Et le blanc, toujours le blanc, qui ne tient pas une journée,
si ce n’est une matinée.
Vous avez dit résolument NON aux Doc Martens, Nike et jeans
à trous, mais pour combien de temps?
La bise aigrelette du petit matin réclame qu’on porte
un blouson, et alors là, c’est l’enfer! Vous ferez
bien trois fois la navette entre les magasins X et Y (pas de pub).
“C’est moche. Démodé. Ridicule. Tu hallucines!
Tu me vois avec ça?”
Oui, vous les voyez très bien. C’est classe, de bonne
qualité, ça fera bien deux ans.
"Tu rigoles". Non, vous ne rigolez pas du tout. Vos finances
crient stop et votre moral est à zéro. Alors courage!
Après l’été viendra l’hiver, et tout
sera à recommencer.
Denyse Sergy
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