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(1994)
Et la jalousie...
Avant la naissance de notre deuxième
enfant, jai beaucoup réfléchi comment aider
le premier à vivre cet événement important.
Il allait perdre sa place unique, et pour éviter la jalousie,
jai essayé dimaginer comment lassocier.
Jai commencé par préparer le moïse pour
le bébé; javais la chance davoir un
modèle réduit qui venait de la génération
précédente, les deux berceaux furent habillés
avec la même étoffe. Jai acheté un bébé
en caoutchouc pour lequel jai tricoté des habits et
je lai caché dans une armoire.
Les dernières semaines de ma grossesse, jai donné
un petit ours rouge à Luc. Lors de mon départ pour
lhôpital, jai mis dans le petit moïse un
petit ours blanc identique, symbolisant lenfant à venir.
Pendant mon absence un rituel quotidien sest institué:
le petit ours rouge allait faire une caresse à son double...
A mon retour, jai vu le geste touchant de notre fils faisant
un câlin à sa soeur découverte dans le grand
moïse: je noublierai jamais le sourire lumineux quil
me dédia en se retournant vers moi! Jétais reconnaissante
de voir son visage illuminé et jai crû naïvement
que je lavais aidé à maîtriser la jalousie...
Pendant que je baignais Anne, il faisait barboter son bébé
à lui, le séchait et lhabillait en mimitant.
* * * * *
La
jalousie est un sentiment bien complexe, elle nest ni bonne
ni mauvaise comme je le croyais. Au fil des années, elle
a ressurgi chez cet aîné à chaque nouvelle naissance,
malgré les efforts de temps forts réservés
à chacun.
En réfléchissant à posteriori, je crois que
je lai le mieux compris quand jai cessé de défendre
un cadet et cela dès que ce fut possible: les laisser se
débrouiller sans mon intervention maternationaliste
et protectrice du plus faible...
* * * * *
Avec
les années, la jalousie sest apprivoisée et
jai compris quon ne pouvait - malgré les meilleures
intentions - en faire léconomie... Mieux, elle est
un passage obligatoire à dépasser pour gérer
sa vie dadulte.
Monique
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