ARCHIVES (1995)

Stressés? Oui, mais pas trop!

Avoir du temps est une denrée rare pour la plupart des parents aujourd’hui. Les tâches s’accumulent, et dans beaucoup de familles la division du travail reste encore problématique, en particulier si l’on veut consacrer assez de temps aux enfants. Quelles sont alors les conséquences lorsque papa et maman sont très occupés et qu’ils doivent se dépêcher au point de ne plus savoir ni à quoi ni à qui donner la priorité?
Le fait que les adultes sont stressés n’est pas nocif en soi pour les enfants. Ceux-ci supportent pas mal d’excitation et d’énervements à condition qu’ils puissent compter sur des moments calmes et agréables avec leurs parents à certaines heures de la journée. Plus le rythme quotidien est accéléré, plus il est important de ménager de tels moments de détente dans la vie de famille. Pendant ces instants-là, il serait souhaitable d’être totalement disponible pour les enfants et d’oublier tout le reste.
Prenons l’exemple souvent cité du rituel du coucher. Si on essaie de le bâcler, car on attend un téléphone ou qu’on ne veut pas manquer un film à la télévision, il y a de fortes chances pour que l’enfant réagisse par le moyen le plus simple dont il dispose, c’est-à-dire le refus. Se laver le visage, se brosser les dents, mettre son pyjama et même la traditionnelle histoire, racontée un peu trop rapidement, deviennent des corvées. Le résultat: tout prendra le double du temps et tout le monde sera encore plus stressé. Ce moment de la journée tournera plutôt au cauchemar au lieu de représenter un instant privilégié et de complicité entre parents et enfants.
D’après les experts, ce n’est que lorsque le stress des adultes devient chronique et qu’il envahit les loisirs, les week-end, voire les vacances, que les enfants en souffriront vraiment. Si on promet trop souvent «la prochaine fois» et que l’occasion ne se présente jamais, alors l’enfant n’aura plus confiance en l’adulte. Si le stress conduit à des reproches répétés et des querelles, l’enfant réagira par un comportement insupportable, voire agressif. Il optera pour un contact négatif afin d’attirer l’attention plutôt que de choisir le silence. D’autres enfants encore penseront être la cause du stress des adultes et garderont longtemps en eux un sentiment de culpabilité.
Tant que le stress des parents ne prend pas le dessus, il peut même avoir des côtés positifs. Les enfants apprennent beaucoup en côtoyant des parents qui ont une vie pleine et active. Ils voient que l’on peut faire plusieurs choses à la fois et qu’il est nécessaire de s’organiser.
Ceci leur sera certainement utile plus tard, pour se débrouiller dans un monde dont le rythme est tout aussi saccadé, sinon davantage. De plus, la mauvaise conscience qu’ont les parents de ne pas toujours avoir assez de temps à consacrer à leurs enfants est un garde fou qui évite les excès. Elle les force à planifier la journée en fonction des besoins de chacun et permet aussi de tirer la sonnette d’alarme quand les enfants deviennent trop exigeants. Comme souvent dans l’éducation des enfants, il s’agit de trouver le juste milieu et de s’y tenir!

Françoise Grøndahl

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