ARCHIVES (1995)


Comme un animal

Un vieux médecin de campagne me disait l’autre jour:
- Quand on est malade, on devrait faire comme les animaux qui se terrent dans leur trou. Ils disparaissent quelques jours, loin du bruit, des gens, mangent peu et quand ils sont guéris, ils réapparaissent...
Maintenant avec les antibiotiques et autres médicaments, plus question de se terrer. Cela va avec notre époque. On n’a plus le temps, ni le droit d’être malade. On se permet, éventuellement si vraiment cela va trop mal, un jour, voire deux jours de lit. Inutile de dire qu’on travaille mal, qu’on se traîne, qu’on se plaint et qu’on donne sa maladie aux autres! Souvent elle reprend de plus belle pendant des semaines! On évoque alors toutes sortes d’excuses pour ne pas rester tranquille. Il y a le travail et personne pour nous remplacer, etc.
En fait on se croit indispensable, oubliant que les cimetières sont peuplés de gens indispensables!
Les enfants sont souvent bourrés de médicaments au moindre symptôme de maladie. J’ai rencontré une jeune femme qui donnait son sixième traitement d’antibiotique à son enfant pour une otite en une année... l’enfant la suivait partout et en plein hiver n’avait même pas de bonnet sur sa petite tête! N’oublions pas qu’une bonne otite se soigne à la maison, si possible au lit pour l’enfant fatigué. Comme pour les adultes, il lui faut peut-être un temps de repos, et de calme. Peut-être aussi a-t-il besoin qu’on s’occupe un peu plus de lui que d’habitude. C’est sa manière à lui de dire:
- J’aimerais rester tranquille et surtout que maman s’occupe un peu plus de moi...
- On ne savait pas pourquoi tu avais l’air inquiète quand on avait de la fièvre...
- Mon Dieu fasse que le thermomètre ne monte pas trop haut! pense la mère.
- Fasse que ce thermomètre monte haut, bien haut! pense l’enfant.
- Nous, me disait mon fils, quand on était malade, on était tellement content d’être dorloté quelques jours et surtout de manquer l’école!
Qui n’a pas pensé une fois dans la vie agitée que nous menons tous:
- Si seulement je pouvais tomber malade, je suis trop fatiguée, je n’en peux plus, trop c’est trop!
La maladie arrive presque toujours... mais voilà chez les mères que nous sommes, personne ne nous laisse tranquille. On n'a pas le droit de rester au lit. Vite un médecin, un médicament pour continuer à être performante! Pourtant il faudrait profiter de ces moments pour rester au calme, pour pouvoir réfléchir et se recentrer un peu sur soi-même. La maladie est souvent le signe que nous en avons besoin plus ou moins inconsciemment. Prenons la sagesse de l’animal qui suit les règles de la nature!
Mais c’est plus facile à dire, qu’à faire!

Maude

Retour au sommaire 95

 

  Informations :
info@entretiens.ch
  Réalisation du site:
NetOpera/PhotOpera
 

© Entretiens sur
l'Education, 2000

Accueil Articles Archives Abonnements Adresses Le journal Archives