ARCHIVES
(1995)
Mon
arrière-grand-maman et moi
Quand
maman me dit: «on va chez grand-maman de Neuchâtel»,
je suis très content. Elle nous reçoit toujours avec
beaucoup de plaisir. A quatre heures, on fait un gros goûter:
des petits fours, des gâteaux aux fruits, des biscuits et
une bonne tasse de thé. Il y en a plein la table. Mais avant
de se régaler, on fait la prière: je ne comprends
pas tout, mais cest bien.
Un jour, elle est tombée gravement malade et maman me dit
quelle allait mourir. Je vais la voir pendant sa maladie.
Elle habite toujours chez elle, elle est maigre dans son lit et
je suis un peu impressionné. Mais elle a lair tellement
heureuse de nous voir que moi aussi je suis content dêtre
venu.
Un lundi à midi, on nous apprend sa mort. Une mort très
paisible et pleine de foi. Quand maman nous dit quon peut
venir à lenterrement, je trouve ça très
normal. Oh! on a bien essayé de len dissuader: «Tu
ne vas tout de même pas prendre les enfants au cimetière,
ce nest pas leur place!!». Mais papa et maman tiennent
bon et nous disent que la mort fait partie de la vie et quil
ne faut pas la cacher. Là, je suis daccord avec eux,
car je naimerais pas quils menvoient à
lécole comme si de rien nétait. Jaime
beaucoup ma grand-maman de Neuchâtel et je veux être
avec elle jusquà la fin.
Pendant la cérémonie je pleure, je pleure à
chaudes larmes tellement je suis triste. Maman pleure aussi et me
prend dans ses bras. Je nai que six ans, mais je comprends
que je ne reverrai jamais plus mon arrière-grand-maman. On
me donne le droit de pleurer de tout mon saoul. Après je
me sens beaucoup mieux. Certaines personnes hochent la tête
de désapprobation en me voyant dans cet état.
Aujourdhui jai dix ans. On parle de grand-maman avec
plaisir et on se remémore souvent sa bonté, son doux
sourire et ses plantureux goûters des mercredis après-midi.
Nicole Mombelli
Communauté romande des Ecoles des parents
Groupe Media
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