ARCHIVES (1995)

«Famille nombreuse, famille heureuse...» dit la chanson

Famille bruyante, en tout cas, pleine de vie et de mouvement. En les comparant avec les familles réduites, je n’ai pas remarqué que les mères bien organisées aient davantage de travail. Dans une juste distribution des tâches, les choses se mettent vite en place, un peu à la façon scoute, où chacun prend sa part des activités à son niveau. Je n’ai jamais eu de petit hurlant dans son parc qu’un plus grand ne vienne distraire, ou d’enfant regardant tomber la pluie en s’ennuyant. On ne s’ennuie pas dans une famille nombreuse, on a plutôt tendance à se marcher dessus.
Le seul secteur où les ménagères doivent en rabattre, c’est sur les questions d’ordre et de désordre. Une grande tablée fait plus de miettes qu’une petite et le «chenil» a tendance à se répandre plus qu’ailleurs. Si on a la chance de ne pas être en appartement, mais d’habiter une maison avec un sous-sol, un garage, un jardin, tout est simplifié.
Nous avions une famille plus grande que la normale actuelle, mais pas davantage que celles d’autrefois. En voyage, en déplacement, il a fallu souvent en compter les membres de 2 à 18 ans! Mon calcul n’était pas nominatif. D’un coup d’oeil, j’évaluais la densité du groupe. C’est une question d’habitude; il est rare qu’on perde un enfant en route... cela nous est arrivé cependant.
L’école, les études, les loisirs, la santé, les besoins de chacun, parfois la lutte pour préserver son identité et son équilibre personnel, créent inévitablement des problèmes, mais ils sont à la mesure de la joie que procurent la réussite de chacun, sa place conquise parmi les autres et une faculté parfois plus grande de s’adapter.
Evidemment, une grande famille, ça coûte, mais ne peut-on pas apprendre à vivre autrement, trouver son plaisir dans des valeurs simples et vraies: la communauté, le partage, la chaleur familiale, la richesse des relations, dont nous avons tous le plus grand besoin dans une société déshumanisée?

Denyse Sergy

Au cours d’une vie bien remplie, Denyse et son mari ont accueilli 37 enfants. On est en 1946. C’est la fin de la seconde guerre; c’est surtout le début d’une aventure qui dure toujours et qui a pour lieu l’Ile de Noirmoutier en France.

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