ARCHIVES (1995)

Femme au foyer ou femme active professionnellement?

Mes enfants ont pris gaiement la petite route qui mène à l’indépendance. Ma fille, 5 ans, a commencé l’école, mon fils, 3 ans, la garderie. J’ai alors bifurqué sur ma propre route: après huit ans d’interruption, je me suis engagée à nouveau professionnellement. Pour des raisons financières, mais n’était-ce pas aussi par désir d’indépendance? J’entends chez certaines d’entre vous une réaction immédiate: mais c’est quand on est mère au foyer que l’on est indépendante. Les avis sont partagés, et c’est bien là mon propos.

Tu «travailles» ou tu ne «travailles» pas?
Parmi vous il y a des femmes des deux sortes: celles qui «travaillent», et puis les autres..., ou alors: celles qui ne «travaillent» pas, et puis les autres..., cela dépend de quel point de vue on se place. Qu’est-ce qui différencie donc tellement ces deux types de femme? Y a-t-il vraiment un fossé entre ces deux façons de vivre? Est-ce qu’il y en aurait une plus idéale que l’autre? Cette dernière question, je me la suis souvent posée. A l’époque où je n’exerçais pas une activité professionnelle, on me disait: «Tu ne travailles pas? Moi je ne pourrais jamais!» et maintenant: «Comment tu fais avec tes deux enfants? Moi je ne pourrais pas leur faire ça!» Quoi qu’on fasse, on a matière à culpabiliser et à se sentir rejetée.

Là n’est peut-être pas la question..., ni la réponse!
Evidemment, il n’y a pas de solution idéale, vous le savez déjà, mais quelquefois on a envie de se l’entendre dire. Sur chaque route il fait bon vivre, tout dépend de ce que l’on y fait. Quand je ne «travaillais» pas, j’étais plus disponible pour les enfants, mais comme j’avais envie d’entreprendre des «choses» pour moi, je débordais d’activité. J’étais donc aussi très occupée, ce qui m’aidait à ne pas me sentir isolée, inutile et non-valorisée.
Maintenant que je «travaille» (je suis employée à mi-temps, c’est mon mari qui fait le relais à midi, et en cela je suis privilégiée), je suis un peu moins disponible pour mes enfants, mais je sens qu’ils vont se responsabiliser plus rapidement, et je trouve cela positif. J’ai dû réduire mes autres activités. Je me sens plus valorisée en ce moment, mais petit à petit la routine s’installera. Quelle conclusion? La meilleure est celle qu’une femme a évoquée en apprenant que j’avais trouvé du travail: «Eh bien, tant mieux ou tant pis!»

Et l’environnement social?

Ce qui peut aussi influencer nos états d’âme, voire nos choix, c’est l’environnement dans lequel nous vivons. Les réactions des personnes de l’entourage sont différentes si l’on exerce une activité professionnelle, et que l’on habite dans une localité avec plus ou moins de femmes dans le même cas. Cela facilite ou complique également la garde des enfants. Si l’on est entouré de femmes qui s’absentent régulièrement, on se soutient, on est prêt à faire des échanges, on y est même intéressé.
Une amie, par contre, qui vivait dans une petite ville où beaucoup de femmes étaient mères au foyer, a cherché vainement une maman motivée à échanger les enfants de manière fixe. Tout cela influence aussi les réactions de l’enfant. C’est plus compréhensible pour lui de voir sa mère partir travailler, quand il sait que c’est pareil pour la plupart de ses camarades.
Eh oui, c’est l’éternel problème: pourquoi a-t-on toujours besoin que les autres fassent comme nous? A-t-on tellement, et sans arrêt, besoin d’être rassuré? Chacun avance comme il peut sur son bout de chemin, en essayant de respecter le plus possible les demandes de ses enfants qui, eux, dépendent directement des choix des parents (sans qu’ils puissent intervenir).

Julie

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