ARCHIVES (1995)

Lectures proposées par le comité de rédaction

La horde d’or, J. Lanzmann, éd. Plon
Ce roman, dont on ne sait pas s’il a, quant à son intrigue, une note historique se dévore: un jeune homme en poste en Mongolie apprend, par un respectable vieillard, qu’une alliance secrète aurait été conclue entre Gengis Khan et la France pour contrecarrer les musulmans au Moyen Orient au temps des Croisades.
Quête où le passé est avidement recherché et décrit comme au présent, le jeune homme remonte le temps avec une jeune femme, descendante d’un chef local. Le passé, le présent, l’amour, à des siècles de distance, se mêlent.
Ce qui impressionne, c’est l’échange culturel incroyable à nos yeux entre Occident et Orient. (M.E.)

Le pont sur la Drina, I. Andrik, éd. Belfond
Réédition de ce magnifique témoignage d’un écrivain yougoslave, prix Nobel de littérature, sur l’histoire et la construction d’un pont au XIVe siècle par un sultan enfant du pays. L’auteur nous promène à travers les siècles et décrit les modes de vie, la cohabitation et les conflits entre serbes et bosniaques. Le pont aura résisté jusqu’à la fin de la première guerre mondiale. Il nous permet de mieux comprendre les conflits qui agitent cette région actuellement, conflits qui ont leurs racines dans un passé où des empires se sont côtoyés, mélangés et disputés. (M.E.)

L’écriture ou la vie, J. Semprun, éd. Gallimard
Juif espagnol, communiste pendant longtemps, l’auteur raconte sa libération du camp de Buchenwald, camp où étaient rassemblés les «politiques». Il n’a, contrairement à d’autres témoignages, jamais éprouvé de culpabilité à en être revenu. «J’ai choisi l’oubli, j’ai mis en place sans trop de complaisance pour ma propre identité fondée essentiellement sur l’horreur - et sans doute de courage - de l’expérience du camp, la stratégie de l’amnésie volontaire: je suis devenu un autre pour rester moi-même». Son appétit de vie, la poésie et les femmes l’ont beaucoup aidé et ce n’est que près de 50 ans après qu’il retrouve la plume pour décrire son itinéraire.
Ce livre touffu est superbe; il m’a beaucoup apporté sur la réflexion sur le sens de la vie et de la mort. (M.E.)

L’épreuve, B. Saubin, éd. R. Laffont et Presse-Pocket, et
Quand la porte s’ouvre, B. Saubin, éd. R. Laffont
Encore adolescente, elle quitte sa grand-mère et la campagne française et part à la découverte du monde. Intelligente et téméraire, elle ne craint pas les expériences à risques. Arrêtée en Malaisie et condamnée à mort, elle finit par passer dix années en prison.
Il ne lui reste plus qu’un numéro matricule et un surnom. Comment s’en sort-elle? Grâce à quoi? Grâce à qui? Rentrée en France, elle rédige elle-même le récit de cette expérience et les réflexions qu’elles lui suggèrent.
Après la détention dans des circonstances particulièrement éprouvantes, enfin la liberté! «Mais la liberté n’est pas le fait d’un simple changement d’état». Il faut tout réapprendre. Tout: entrer dans un lieu inconnu, rencontrer de nouveaux visages, faire confiance, accepter l’amour.
Témoignage d’une authenticité qui touche profondément et qui suscite l’espoir. (M.L.)

Une nounou pas comme les autres, C. Chouchan, éd. Ramsay
Elle a un diplôme d’expert-comptable depuis six ans, mais aucun patron accepte d’utiliser ses compétences. La vraie raison, c’est qu’elle ne mesure qu’un mètre trente-deux. Elle n’est pas «comme les autres», mais dispose d’un courage exceptionnel. Elle décide de changer d’orientation et s’engage comme nounou auprès des deux enfants d’un avocat désemparé. Pas simple du tout, mais quelle réussite! Et quel humour! (M.L.)

André Oltramare, un précurseur oublié, A. Schmitt, éd. Suzanne Hurter
Cet ouvrage raconte une belle tranche d’histoire de Genève, de la vie scolaire et de la famille de M. André Oltramare. L’époque (1925-1950) est décrite avec ses contradictions et ses courants politiques. La transformation de l’enseignement public que M. Oltramare a voulu instaurer à Genève sera effectivement mise en place par M. André Chavanne. On voit au travers de ce livre que le rôle du chef du Département de l’instruction publique n’est pas facile à exercer.
Quant à l’histoire de cette famille, elle nous est racontée par sa fille qui décrit avec beaucoup de justesse ce qui s’est passé et qui s’implique émotionnellement à travers le récit. C’est la partie de l’ouvrage que j’ai préférée et j’espère que ce livre vous intéressera autant que moi. (C.M.R.)

En rouge dans la marge, livre écrit par des collégiens de Genève, édité par le Département municipal des affaires sociales, des écoles et de l’environnement.
Des collégiens vont à la rencontre de ceux qui sont sortis du système scolaire. A l’initiative de leur professeur de français, par groupe de 3 à 5 élèves, ils ont noué le dialogue avec un «exclu», et aussi pris le temps de poser les bonnes questions.
Des textes, des dessins, des poèmes ont jailli. Beaux, sincères, émouvants, provocants parfois, à l’image de cette jeunesse pleine de fougue en quête de justice, d’absolu, de tendresse aussi, et d’amitié. Des réflexions sur l’école, le savoir, le respect, le rêve, la souffrance, la reconnaissance, les relations humaines s’égrènent au cours de ces 250 pages.
«En rouge dans la marge» exprime une révolte face à une réalité qui est celle de l’exclusion, de la marginalisation de pairs. Il exprime aussi un grand espoir, celui de la richesse issue de la rencontre avec l’autre, de l’écoute de l’autre, à travers lesquelles chacun se construit lui-même. Des textes, des récits, entrecoupés de cris, qui feront réfléchir plus d’un sur les valeurs de notre société et la qualité des relations entre adultes et jeunes. (F.G.)
(Extrait)«Un texte sacré dit...
Ils ont un coeur, mais ils ne comprennent pas
Ils ont des yeux, mais ils ne voient pas
Ils ont des oreilles, mais ils n’entendent pas:
Et c’est parce que l’on arrive trop vite à ressembler à «ces gens-là» que de tels écrits sont utiles, que de telles rencontres doivent pouvoir exister, au-delà de tout. Parce qu’il n’est que les relations humaines qui peuvent réellement parler des hommes. Parce que la vie n’est que trop souvent effleurée. Au-delà de toutes souffrances, déceptions et trahisons repose en chaque être une certaine force, non celle de l’oubli mais celle du pardon; non celle qui dissimule et qui cache mais celle qui aide à reconstruire et à embellir. Il est à chacun de la faire germer, tout en aidant à arroser un coeur plus asséché.
Merci à vous cinq, merci à votre prof de français... Car la vie ne peut être vécue qu’à fleur de peau.
Margot, soeur de Dorota»

Le chemin le moins fréquenté, S. Peck, éd. J’ai Lu New Age No 2839
Psychiatre, l’auteur est avant tout un médecin de l’âme. Avec des mots simples et des exemples concrets, il nous apprend à dépasser le mal d’être pour découvrir, ou redécouvrir, l’harmonie et l’amour. Il aborde nos problèmes de manière constructive.
Ce chemin le moins fréquenté sur lequel il nous invite, c’est celui de l’évolution spirituelle. (L.C.)

Parlons de la mort!

Dans le numéro 5 (mai), la place nous manquait pour citer quelques livres sur ce sujet. Nous vous les proposons ci-dessous:

- La mort et l’enfant, E. Kübler-Ross, éd. du Rocher
- Dis, c’est quoi quand on est mort? R. Lonetto, éd. Eshel
- Hôpital des enfants, P. Anderson, éd. J’ai Lu
- Les deuils dans la vie (étude psychanalytique) M. Hanus, éd. Maloine
- L'inespérée, C. Bobin, éd. Gallimard

Pour en parler avec les enfants:

- Au revoir blaireau, S. Varley, éd. Gallimard, coll. Folio Benjamin (dès 3-4 ans)
- Adieu Valentin, M. Kaldhol et W. Oyen, éd. Ecole des loisirs (dès 5-6 ans)
- Leïla, S. Alexander et G. Lemoine, éd. Bayard (dès 6-7 ans).

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