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(1995)
Sourire de star, une nécessité?
-
Avant que jentreprenne quoi que ce soit, il faut que Nicolas
arrête de sucer son pouce, mavait dit lorthodontiste.
Ouille, Ça commençait bien!... Javais déjà
essayé le chantage, mais ça navait pas marché.
- Il narrêtera pas automatiquement quand il aura un
appareil?
- Non, pas forcément. Mais ne vous occupez de rien, même
si vous voyez Nicolas le pouce dans la bouche. Cest une affaire
entre lui et moi.
Pour une fois quon me demandait de ne rien faire, quel soulagement!
Vous pensez bien quil nétait pas nécessaire
quon me le dise deux fois. Dhabitude, cest plutôt:
«Maman, où est mon pull? Tu viens minterroger,
en allemand? Je vais directement aux travaux manuels, réveille-moi
plus tard! Tu memmènes au basket?» Même
les adultes y joignent leur voix: «Tu me rappelles que je
dois prendre la voiture demain? Vous penserez à menvoyer
des bonbons sans sucre?»
Cest donc la conscience tranquille que je ne moccupai
pas de Nicolas. Je le regardais cependant avec intérêt
et surtout admiration. En trois jours, il avait abandonné
son pouce à jamais. Quelle volonté! A neuf ans...
Lorthodontiste avait pu lui préparer son premier appareil.
Pas marrant à mon avis... et pas discret! Nicolas lavait
néanmoins bien accepté. Ouf! Cest vrai quà
lheure actuelle nombre denfants en ont un, ce qui aide.
On se sent moins seul. Mais est-ce toujours indispensable? Je me
le demande... Avant, on ne faisait rien ou pas grand-chose. Mais
maintenant?...
Le traitement a duré environ trois ans. Après son
premier appareil, Nicolas en a eu deux autres. Moins impressionnants,
mais quand même «dég», selon ses dires.
Cependant le résultat était là, cétait
le principal. La mâchoire supérieure avait repris une
place acceptable.
- La première partie est terminée, mais pour avoir
des mâchoires parfaites et des dents qui ne soient pas si
écartées en haut, il faut poser des bagues. Cest
à vous de voir si vous voulez continuer le traitement ou
non, avait alors déclaré lorthodontiste.
Le côté financier nentrait pas en ligne de compte,
puisque lAI prenait à sa charge le traitement, vu que
lavancement de la mâchoire était important et
quil dépassait la norme admise. Sinon, cest vraiment
un point non négligeable. Mais Nicolas en avait marre et
se trouvait à laise ainsi. Moi, je navais pas
trop envie de le voir avec des bagues dont lhygiène
doit être impeccable. Et des dents écartées
ne me dérangeaient pas, si cela ne le gênait pas, lui.
Aujourdhui, le souvenir que garde Nicolas de cette époque
est «Beurk! Cétait affreux!» Il ne regrette
pas davoir arrêté le traitement et renoncé
à des «dents de rêve». Moi non plus. Et
ses dents écartées nenlèvent rien à
son sourire.
Simone Doussot
Communauté romande des Ecoles des parents
Groupe Media
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