ARCHIVES (1995)

Echangerais cours de dactylo contre cours de couture

Combien de fois avons-nous l’impression que dans le monde actuel l’argent régit tout et qu’il est impossible de suivre la moindre des formations sans moyens financiers?
Heureusement la réalité peut être différente; en voici un exemple: le Mouvement des réseaux d’échanges réciproques de savoirs (M.R.E.R.S.). Ces réseaux ont été créés dans les années 80 en France et leur but est:

de transmettre ses savoirs, d’acquérir des savoirs,
dans un échange réciproque.

Ce système d’échange renferme de nombreuses qualités:
- Les domaines de savoirs échangés sont très vastes: ils vont de l’accordéon au tennis, en passant par l’informatique, la broderie sur tricot, les langues ou même le repassage.
- Le seul moment où il peut être question de finance est éventuellement une cotisation permettant l’organisation des échanges, sinon il n’y a pas de circulation d’argent.
- Pour apprendre il faudra aussi enseigner. Transmettre son savoir à d’autres offre des avantages non négligeables: quand quelqu’un se sent exclu et dévalorisé, le fait de rechercher ce que l’on peut transmettre aux autres pousse à mettre en valeur ses capacités, et chacun en a, même si par moment celles-ci ne sont pas évidentes. Avant d’enseigner il sera nécessaire d’approfondir ses connaissances et de les structurer, ce qui est très positif.
- Les échanges se font chez les participants eux-mêmes ou dans des lieux collectifs. Afin que le réseau vive et s’organise il y a des rencontres de réseaux, qui complètent les contacts individuels et favorisent ainsi, en cas de besoin, une réinsertion sociale.
Ce système ne permet donc pas seulement d’apprendre sans avoir à débourser d’argent, mais est aussi revalorisant et permet de créer des contacts; ceci dans le respect de la liberté individuelle.
Pour en savoir plus, adressez-vous à: Action Bénévole, Mme Claire-Lise Gerber, Maupas 49, 1004 Lausanne, tél. 021/ 646.21.96, qui vous donnera l’adresse du réseau le plus proche de chez vous.

Tentez votre chance, nous savons qu’il y a plus d’offres que de demandes!

Voici un exemple pratique:
Isabelle a 25 ans. Imaginez une jeune femme sans travail ni argent, larguée par presque tous et surtout exclue d’une société qui laisse vite tomber ceux qui ne «réussissent» pas. Isabelle n’a plus envie de se lever le matin, ne s’intéresse plus à rien et n’a pratiquement plus de relations sociales.
Elle rencontre Julien, travailleur social, pour des questions administratives. Il lui parle avec tant d’enthousiasme d’un réseau d’échange de savoirs qu’il convainc Isabelle de s’y rendre. Isabelle comprend très vite qu’en contrepartie de sa demande elle devra aussi offrir un savoir.
La découverte d’un cours de dactylographie sur le tableau affichant les offres produit le déclic: elle a toujours eu envie de savoir taper à la machine sans jamais avoir osé s’inscrire à un cours. Mais que pourra-t-elle proposer en échange, elle qui ne sait rien faire!
Qu’importe, lui disent les animateurs, puisqu’elle peut d’emblée suivre son cours sans devoir offrir un savoir. Ce n’est que plus tard qu’elle réalisera, en échangeant avec d’autres membres du réseau, qu’elle possède de très bonnes connaissances en couture. Elle pourra les transmettre à Catherine, qui a grand besoin de se perfectionner dans ce domaine. Jamais Isabelle n’avait eu conscience que ses connaissances en couture représentaient un savoir qu’elle était capable de transmettre. Quant à Catherine, elle enseignera le français à Marie, qui apprendra la guitare à Jean-Marc, qui...
Un an plus tard le réseau aura permis à Isabelle de retrouver suffisamment confiance en elle pour réussir à décrocher un emploi et ainsi commencer une réinsertion au sein d’une société à laquelle elle ne croyait plus.

Rédigé par L.C. d’après la documentation d’Action Bénévole

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