ARCHIVES (1996)

Petit historique

Né en 1912 outre-Atlantique, bientôt adopté par le Canada, l’Australie et l’Angleterre, le «Mother's Day» garde un aspect intime et s’adresse à toutes les mères. La fleur du jour est l’oeillet blanc, symbole de pureté par sa couleur, de beauté par sa forme, d’amour par son parfum, de charité par sa large production et de fidélité par sa persistance.
Pendant la Grande Guerre, la France combattante découvre cette jeune coutume étrangère et prête peu à peu attention aux propos d’un mouvement familial en plein essor qui réclame depuis longtemps, parmi d’autres mesures de défense de la famille nombreuse et de lutte contre la dénatalité française, la mise à l’honneur des mères. A l’approche de la victoire, les femmes qui ont tourné les obus et remplacé les hommes, sont invitées à retrouver leur rôle naturel et à repeupler le pays meurtri et fauché dans ses forces vives.
Des manifestations, des cérémonies sont organisées au cours desquelles sont décernées médailles et récompenses aux mères méritantes, ainsi que distribuées places gratuites et premières allocations aux familles nombreuses. Bientôt la France officialise ces cérémonies et le choix est fait d’une fête largement publique, fixée au dernier dimanche de mai.
A l’approche de la Deuxième guerre mondiale pourtant la fête des mères perd de sa notoriété et représente plutôt une corvée pour les municipalités. C’est avec le gouvernement de Vichy (1940 à 1944) que la famille revient au coeur des préoccupations. La famille en tant que pièce essentielle de la reconstruction sociale devient un slogan politique. Le Maréchal Pétain s’adresse en personne aux Françaises par radio le jour de la Fête des Mères. Désormais l’accent est mis tout autant sur l’hommage rendu par les enfants eux-mêmes dans l’intimité de la famille que sur l’hommage public des autorités religieuses ou administratives.
Reconnaissons-le: si la fête des mères n’est pas une invention pétainiste, elle relève quand même, dans ses origines, d’une idéologie clairement affirmée, totalement étrangère à «la libération des femmes». Aujourd’hui avant tout aubaine commerciale, elle est entrée dans les moeurs.

Françoise Thébaud, extraits de l’article «Faites des Mères»
paru dans la revue «Autrement», adapté par F.G.

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