ARCHIVES (1996)

Oui, ça existe!

Pour y aller, c’est comme si j’avais chaussé mes souliers de petite fille. Le sentiment de retrouver mes dix ans, je l’ai éprouvé encore plus fortement en entrant dans cette classe. Au temps de ma scolarité, école a plus rimé avec souffrances qu’avec envies. Là, j’ai tout de suite été remplie de plaisir: je pénétrais davantage dans un lieu familial que dans un lieu de compétition, de rivalités mal vécues.
Ce qui m’a frappée d’emblée, ce sont ces enfants, du plus grand au plus petit, affairés à leurs tables, non plus alignées, mais disposées en carré de façon à ce que chacun soit en contact avec ses camarades.
Un enseignant, jeune, calme, accueillant est venu à notre rencontre et a commencé à nous parler de ses élèves, décrivant chacun d’eux en fonction de leurs qualités et de leurs particularités. Il compléta son information par la description du fonctionnement de sa classe. J’eus une envie irrésistible de m’asseoir parmi les élèves...
- ...et si j’ai mis mon pupitre au fond de la classe, c’est pour bien montrer que je suis à disposition pour les renseigner, les guider et non pour donner des cours magistraux, dit-il.
J’ai apprécié ce rôle de maître, personne de référence au même titre qu’une bibliothèque, permettant à celui qui apprend de puiser les éléments utiles à sa progression. La réalité corroborait le discours: les enfants venaient soit pour corriger le travail réalisé, soit pour y passer un instant où tous les deux, maître et élève, affinaient le raisonnement à appliquer, soit pour chercher la suite du travail personnel à effectuer.
Une autre caractéristique importante m’a paru essentielle au climat de la classe: chaque élève avait son plan de travail, son propre programme établi pour l’année en fonction des objectifs personnels et des capacités de chacun. L’école à la carte, quoi! Quel rêve! Et quel travail de préparation pour le maître!
- Et les travaux écrits? 
- Ce sont les élèves eux-mêmes qui fixent le jour et l’heure où ils feront preuve de leurs compétences, de leurs progrès.
J’ai cru avoir mal entendu.
- Ce sont vraiment eux qui déterminent le moment de leur évaluation?
- Oui, l’élève et le maître contrôlent ce qui est su, reçoivent la preuve que les objectifs sont acquis.
J’en ai réellement rêvé par la suite de cette école. Ah! si j’avais l’âge et la possibilité de choisir, c’est dans cette classe-là que je me rendrais!

Evelyne Theubet
Communauté romande des Ecoles des parents
Groupe Média

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