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(1996)
Les
lecteurs ont la parole
Chère Marguerite, comme je vous envie!
Javais
déjà été douloureusement attentive à
votre «résignation» à propos des attentes
des autres. Le petit mot dAline Lasserre a rouvert ma plaie.
(Voir les numéros d'avril et juin 1996)
Sans vouloir me plaindre, je dirais simplement que jai aujourdhui
limpression que je donne plus que je reçois et je remarque
que ma marmite est bientôt vide. Jai peur de ne plus
être capable de la remplir ou même simplement de la
maintenir à un niveau confortable.
Suis-je trop ambitieuse? Est-ce de lorgueil? Ai-je perdu la
recette? Suis-je devenue aveugle aux cadeaux de mon entourage? Est-ce
de la vanité que de faire la balance?
Oui cest cela avec amour ne rien attendre des autres. Facile
en théorie! Mais en pratique? Comment sy prendre pour
atteindre cette souplesse tellement convoitée? Comment faire
face humblement?
Merci par ces réflexions mensuelles de votre petit journal
de me suggérer une remise en question.
Si par bonheur vous aviez un conseil à mon intention, jen
serais ravie.
Nelly Baehler, La Brévine
Un
conseil? Oh non, ce nest pas mon genre. Mais lexpression
de ma sympathie, alors là, daccord.
Vos réflexions me touchent dautant plus quelles
me rappellent le chemin que jai parcouru. Moi aussi, je me
suis demandé à certains moments: «quest-ce
que je vais devenir sil ne reste plus rien dans la marmite?»
Peu à peu, jai découvert que, sous prétexte
daltruisme, je poursuivais un idéal irréalisable.
A force dêtre au service des autres, je perdais de vue
que jétais un être humain comme tout le monde.
Jaurais voulu être parfaite, irréprochable, admirable...
Je me porte beaucoup mieux depuis que jai admis mes limites
et mes faiblesses. Je fais ce que je peux. Mais je ne peux pas tout
- tout - tout pour tout le monde, nimporte quand. Jai
appris à dire «non». Quelle étape! et
quelle conquête. Je me sens infiniment plus légère,
heureuse. Au lieu de me sentir écartelée entre différentes
obligations, je vais de lavant avec sérénité,
avec un peu plus dhumilité aussi. Cest si épuisant
de jouer à la sainte!
Merci davoir pris la peine dexprimer vos perplexités.
Parmi les lectrices des «Entretiens», vous nêtes
pas la seule à vous poser ces questions. Tant de femmes consciencieuses
se heurtent à ce genre dobstacles!
Avec un sentiment de fraternité.
Marguerite
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