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(1996)
A
quel sein se vouer?
Le bébé à son sein, sactivant à
la cuisine à faire un repas à rallonges pour les copains
invités, elle jongle dune main avec ses casseroles,
ne veut surtout pas daide et mouche en plus sa cadette.
Vingt heures sonnent à la grosse horloge et on sassied
autour de la grande table. Elle coupe la viande de son aînée
et aide à ramasser les petits pois qui volent par-dessus
lassiette du deuxième. Le bébé est dans
son baby-relax. Enfin, elle commence son repas. Après deux
bouchées, le bébé pleure. Elle le prend à
son sein, mange de la main gauche, puis décide de le mettre
au lit «un moment». Après trente secondes et
demie de pleurs, elle le reprend, le renourrit pour la x ème
fois. Quant au père, il est sans cesse interrompu dans ses
discussions, nettoie la bouche de la cadette, déboutonne
le pantalon de la première pour aller au petit coin. La soirée
continue, le bébé tète toujours et 23 heures
arrivent.
Intriguée, je me risque à poser LA question: «Vos
enfants vont-ils toujours au lit si tard?» «Oui, bien
sûr!» répondent en choeur les parents. «Ils
vivent avec nous et ils doivent en profiter un maximum. Tu comprends,
maintenant on éduque différemment. Les enfants sont
plus proches des parents. Ce nest plus comme à votre
époque!»
Vieille ringarde que je suis (ma progéniture a 13 et 10 ans)!
Comment puis-je faire passer ma vie personnelle et celle de mon
couple en «prime time» dès 19 heures?
Mais doit-on donner le sein douze fois en 7 heures de temps? Répondre
à leur premier caprice? Sursauter au moindre petit cri? Etre
là sans cesse?
Une mode, tout ça? Peut-être. Mais un esclavage, sûrement.
Car je suis certaine que les enfants ont tout à gagner davoir
une maman présente, mais indépendante et qui ne vit
pas quà travers eux jour et nuit!
Nicole Mombelli
Communauté romande des Ecoles des parents
Groupe Média
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