ARCHIVES (1997)

Maman, j’t’aime plus!

Mon fils de quatre ans et demi vient de faire une découverte de toute grande importance: il s’est rendu compte que ses parents n’étaient pas parfaits. Voire même parfois carrément méchants avec lui. D’un coup, il a réalisé, de tout son être, que ses parents le grondaient et que cela lui faisait mal (je veux bien dire: au sens figuré!). Ses parents pouvaient être aussi tendres que durs avec lui. Alors un soir, bien que cela lui coûtât, il nous dit en toute sincérité: «j’aime plus les parents» et à moi: «méchante maman».
J’avoue que je lui donnais entièrement raison et je le lui ai dit. Je ne suis pas toujours gentille et je peux même être désagréable. Je le gronde, je le punis et pas toujours pour de bonnes raisons, parfois parce que je suis fatiguée ou simplement incompétente. Et même si les motifs sont justifiés (d’après mon point de vue), c’est vrai que pour lui c’est un mauvais moment à passer. Je lui ai expliqué qu’en plus cette situation n’était pas près de changer! Nous, parents, sommes là pour l’éduquer et souvent encore il sera déçu parce que nous n’aurons pas le même avis. Nous ne serons jamais copains-copains comme il l’est avec ses amis.
De toute manière, il n’est jamais trop tôt pour cesser d’idéaliser ses parents. En plus il n’y a rien de pire que des parents parfaits. Avez-vous déjà essayé d’avoir un véritable échange avec des gens qui se croient parfaits? C’est impossible. La perfection n’existant pas, il ne reste donc que du «faire semblant». Se croire parfait en tant que parents est un piège pour soi et pour ses enfants.
Je me souviens du jour où, vers trente ans, je compris plus précisément quelques problèmes que m’avait posé l’éducation donnée par mes parents. Pleine de colère, je leur en ai parlé. A mon grand étonnement, ils m’ont approuvée. Ils ont reconnu leurs défauts. Ma colère s’est alors apaisée. J’avais maintenant de quoi progresser. Mes parents possédaient tels défauts et telles qualités, les choses étaient mises au point, il ne me restait plus qu’à vivre le mieux possible avec ces réalités.
Mon fils, malgré lui, a fait un pas dans ce sens-là: ses parents le dérangent souvent, mais il faut faire avec. Et nous, de notre côté, ne tentons pas de bâtir trop de scénarios de parents qui font tout bien et comme il faut. L’homme n’est pas parfait alors comment le parent pourrait-il l’être?

Julie

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