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(1997)
La
bonne soupe
Après
une matinée à faire des courses en ville, je m’en
retourne chez moi, à la campagne, la tête vide et l’estomac
creux.
Vais-je passer chez la grand-maman? Midi, c’est une mauvaise
heure, où l’on dérange les gens, et où
on a l’air de s’inviter... Et pourtant, je m’arrête
au moment où elle est à table avec le grand-père.
- Tu mangeras bien une assiette de soupe avec nous?
Je m’assieds entre les deux et nous dégustons avec plaisir
une bonne soupe aux légumes, épaisse à souhait,
au fumet délicieux qui se répand dans la cuisine.
On la mange avec vénération. La grand-mère
explique que cette soupe est un repas complet puisqu’il y a
dedans quantité de légumes, plus du bouillon, de la
crème au dernier moment et j’en passe.
Nous nous délectons en silence. Le grand-père émet
des petits bruits de satisfaction qui font plaisir à la grand-maman,
qui se donne tant de peine pour lui.
Elle me parle ensuite de ses soucis pour les générations
futures. Elle trouve que ses petits-enfants sont souvent mal nourris.
Les mères, au four et au moulin, n’ont plus le temps
de cuisiner. Certaines d’entre elles oublient que le repas
est un moment très important dans la vie familiale, où
il peut se passer plein de choses. Les enfants doivent apprendre
à manger de tout et la nourriture doit être équilibrée
si on veut que les enfants soient en bonne santé. Quand on
pense au nombre d’enfants qui partent le matin à l’école
l’estomac vide... S’il a bien mangé, un enfant
ne va pas mâcher toute la journée des «petites
cochonneries sucrées».
Je dis oui, oui... et pense à mon plat surgelé que
je dois encore aller vite acheter pour ce soir!
Etonnamment cette soupe m’a suffit et je me sens mieux, rassasiée,
pleine de force pour continuer ma route. Elle a raison, grand-maman.
Je ne vais pas acheter mon surgelé. Au fond, j’ai le
temps de faire une bonne soupe aux légumes et je vais y ajouter
du persil et d’autres petites herbes aromatiques et hachées,
passées au beurre au dernier moment. C’était
la recette d’une vieille cuisinière que j’ai connue
dans mon enfance.
- Une bonne soupe aux légumes, disait-elle toute fière
en apportant sur la table la soupière fumante.
- Heureux temps, me dis-je...
Maude
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